France

Marche blanche à Marseille en hommage à un jeune tué lors d'un contrôle de police

Souhail El Khalfaoui, 19 ans, a été tué par balle le 4 août après avoir refusé de se soumettre à deux contrôles de police en deux jours et avoir pris la fuite en percutant un agent de police, selon la version des forces de l'ordre.

Une marche blanche est prévue ce 11 août à 19h à Marseille, organisée par la famille de Souheil, jeune homme de 19 ans tué par la police le 4 août au cours d'un contrôle routier. Le défilé est censé partir de l'ombrière du Vieux-Port.

Environ 150 personnes s'étaient déjà réunies le 6 août au soir dans la cité phocéenne pour dénoncer les circonstances dans lesquelles Souhail El Khalfaoui, père d'un enfant de 14 mois, a trouvé la mort. A cette occasion, la tante du défunt Samia El Khalfaoui a fustigé auprès de l'AFP l'attitude des policiers qui, selon elle, n'ont pas porté secours à son neveu. L'agence de presse précise avoir eu accès à des vidéos montrant des habitants tenter de lui apporter les premiers secours et appeler les pompiers.

France Bleu et l'AFP ont par ailleurs donné la version de la police sur le drame. Souhail El Khalfaoui a été contrôlé à deux reprises en deux jours. Lors du premier contrôle le 3 août, il avait refusé d'obtempérer, légèrement heurté un policier-adjoint et pris «la fuite avec son véhicule», selon le syndicat de Police Alliance. 

Le policier n'était pas en état de légitime défense

Le lendemain, le 4 août au soir, repérant à nouveau la voiture en stationnement du «conducteur récalcitrant», toujours selon le syndicat, les agents s'en sont approchés pour le contrôler, mais le conducteur a fait une marche arrière et percuté un policier, qui a été blessé à la jambe. Toujours selon cette source, alors que le jeune homme tentait de s'échapper par une manœuvre de son véhicule, un gardien de la paix a fait usage de son arme au niveau de la portière, l'atteignant mortellement. Une personne se trouvait sur le siège passager.

«Le policier n'était pas en état de légitime défense. Mon neveu a demandé à appeler sa mère pour présenter les papiers du véhicule ce qu'on lui a refusé. Il a alors voulu partir, mais il était garé à l'arrêt», a raconté sa tante Samia El Khalafoui, estimant qu'«on n'avait pas besoin de lui tirer dessus presque à bout portant». «Nous avons l'impression que l'enquête est déjà bouclée. Il y a beaucoup de choses pas claires», a ajouté l'un de ses oncles, Shems El Khalfaoui. 

Deux enquêtes ouvertes

La procureur de Marseille Dominique Laurens a de son côté déclaré que «deux enquêtes judiciaires ont été ouvertes dès le soir des faits». La première pour «homicide volontaire» a été confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) et vise «le décès du jeune conducteur». Elle a pour objet de «déterminer les conditions de l'ouverture du feu par un des policiers alors qu'un de ses collègues se trouvait heurté par le véhicule et projeté au sol». La deuxième enquête porte «sur les conditions dans lesquelles le jeune homme décédé» a utilisé son véhicule «à l'encontre des policiers procédant au contrôle», et a été confiée à la police judiciaire.

L'avocat de la famille Emmanuel Molina a estimé que «rien ne justifie qu'un contrôle policier dégénère en acte mortel», dénonçant ce qu'il qualifie de «bavure». «Le jeune homme était connu sur le plan judiciaire principalement en tant que mineur mais aussi plus récemment», avait précisé le parquet de Marseille à l'AFP. «Des bagarres et quelques barrettes de shit. Ce n'était pas un saint mais il ne méritait pas de mourir par balle», a justifié sa famille.