«En accord avec le groupe, je me mets en retrait jusqu'en septembre», a annoncé le 8 juillet la sénatrice écologiste (EELV) Esther Benbassa à l'AFP à l'issue d'une réunion du groupe, convoquée à la suite de l'enquête de Mediapart, publié le même jour, la mettant en cause dans des pratiques de harcèlement moral sur ses collaborateurs.
«Esther Benbassa se met en retrait du groupe le temps d’étudier les suites à donner conformément à notre règlement intérieur», a pour sa part indiqué le groupe Ecologiste, solidarité et territoires, dont elle est vice-présidente.
«Nous prenons toute la mesure des accusations portées», ajoute le groupe. «Les témoignages d’anciens collaborateurs et collaboratrices de la sénatrice sont extrêmement graves et traduisent une grande souffrance au travail. Nous leur apportons tout notre soutien», poursuit le texte.
Dans son enquête, Mediapart rapporte les témoignages de huit anciens collaborateurs et six anciens étudiants que l'élue employait à l'Ecole pratique des hautes études (EPHE).
Tous évoquent un climat de «terreur» instauré par la sénatrice, constitué de pressions, de chantage à l'emploi et d'humiliations systématiques, souvent à l'occasion d'e-mails, individuels ou collectifs, et de SMS consultés et retranscrits en partie par Mediapart.
Une ancienne collaboratrice l'accuse en particulier d'avoir tenté de lui faire reporter de plusieurs mois une opération médicale importante aux poumons sous prétexte d'un agenda politique chargé au moment de la réforme des retraites, en 2020.
Un autre lui reproche d'avoir fait pression pour qu'il vienne travailler au cabinet en plein confinement et alors que les règles du Sénat stipulaient que la présence sur place ne devait être qu'exceptionnelle.
Conséquence de cette gestion : un turn over incessant des collaborateurs puisque plus de 18 assistants parlementaires ont été employés en deux mandats, a décompté le média en ligne.
«J'ai pu moi-même commettre des erreurs, sans parfois m'en rendre compte. On me dit humaine, voire chaleureuse, mais je sais qu'il m'arrive aussi d'être directe. Je ne suis pas à l'abri de mouvements d'humeur», a réagi Esther Benbassa dans un autre communiqué, rendu public sur les réseaux sociaux.
«Mais si je suis exigeante, je suis également soucieuse de valoriser le travail et les efforts de mes collaborateurs et collaboratrices», a-t-elle poursuivi présentant ses «excuses [à] ceux et à celles que j'ai pu blesser».
Elle a contesté «avoir sciemment et délibérément choisi de mettre la santé de [ses] salariés en danger».
Dans un communiqué de «soutien aux victimes de harcèlement», le syndicat CGT des collaborateurs parlementaires a souligné que «la profession, du fait de son lien avec la politique et les rapports de pouvoir, est bien souvent trop entachée par ce type de violence».