France

Covid-19 : l'éventualité de la vaccination obligatoire suscite le débat

Alors qu'un projet de loi serait en préparation pour rendre la vaccination contre le Covid-19 obligatoire pour les personnels soignants, des sénateurs sont favorables à l'extension de cette obligation à tous les 24-59 ans. Des élus s'y opposent.

Le 1er juillet, plusieurs médias dont l'AFP annonçaient qu'un projet de loi serait en préparation pour rendre la vaccination contre le Covid-19 obligatoire pour les personnels des Ehpad et hôpitaux. Le même jour, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a déclaré sur LCI qu'il estimait possible une annonce portant sur cette obligation vaccinale avant septembre, sous la menace d'une quatrième vague épidémique due au variant Delta. Selon Le Parisien, Sud Ouest ou encore Le Progrès, le texte de loi pourrait être examiné au Parlement d'ici fin juillet, mais plus vraisemblablement en septembre au vu des délais légaux incompressibles. 

Dans ce contexte, je souhaite que le débat sur l'obligation vaccinale puisse être posé [...] Vous voudrez bien m'indiquer également si vous estimez que cette obligation mériterait d'être étendue plus largement

Le Premier ministre Jean Castex consulte actuellement les chefs des groupes parlementaires et associations d'élus en vue de mettre en place cette obligation pour les soignants et, selon BFM TV, le chef du gouvernement leur poserait également la question d'étendre la vaccination obligatoire à d'autres populations. Dans un courrier à l'adresse des associations d'élus locaux et des présidents de groupe, le Premier ministre s'exprimerait en effet en ces termes : «La couverture vaccinale des populations soignantes reste globalement insuffisante pour apporter toutes les protections nécessaires à nos concitoyens [...] Dans ce contexte, je souhaite que le débat sur l'obligation vaccinale puisse être posé [...] Vous voudrez bien m'indiquer également si vous estimez que cette obligation mériterait d'être étendue plus largement.»

Interrogé sur la possibilité de rendre la vaccination obligatoire pour, par exemple, se rendre au restaurant ou au musée, Gabriel Attal a par ailleurs affirmait qu'elle serait envisageable à deux conditions : qu’une telle «évolution» soit efficace pour convaincre de se faire vacciner, et qu’elle soit «faisable», c’est-à-dire que le contrôle à l’entrée des établissements soit techniquement «opérationnel». L’élargissement du recours au pass sanitaire ou le fait de rendre payants les «tests de confort» sont aussi en discussion afin d'inciter à la vaccination.

Des sénateurs favorables à une vaccination obligatoire pour les 24-59 ans

La mission d’information sénatoriale destinée à évaluer les effets des mesures prises ou envisagées en matière de confinement ou de restrictions a de son côté rendu le 1er juillet ses conclusions sur l’évolution de la politique sanitaire. Les sénateurs ayant participé à cette mission sont favorables à l'extension de l'obligation vaccinale, en visant en priorité les 24-59 ans. Ceux-ci s'appuient sur une étude de l’ANRS Maladies infectieuses émergentes. 

Comme l'indique Public Sénat, les sénateurs estiment que «les taux actuels de couverture vaccinale sont, si l’on en croit les hypothèses de l’étude, nettement insuffisants pour qu’un scénario d’une quatrième vague sans mesure restrictive de type couvre-feu soit vraisemblablement envisagé». Ils demandent par conséquent au gouvernement de mettre en œuvre une «stratégie de circulation minimale du virus» et préconisent la vaccination obligatoire, en se concentrant dans un premier temps sur «les seules classes d’âge intermédiaires (24-59 ans)».

La question de l’obligation vaccinale n’est pas un tabou, et n’est pas une atteinte aux libertés individuelles

Le sénateur écologiste et médecin Bernard Jomier s'est exprimé sur la situation : «La vaccination des soignants est légitime. Mais son impact n’est pas de nature à changer totalement l’épidémie.Les 18-59 ans sont très contributifs à la circulation du virus. Une décision doit être prise d’ici mi-juillet.» «Il faut renforcer l’incitation, mais la question de l’obligation vaccinale n’est pas un tabou, et n’est pas une atteinte aux libertés individuelles», a encore jugé le sénateur parisien en conférence de presse.

«Fuite en avant vaccinale», «tyrannique», «liberticide» : les critiques affluent

Tous les sénateurs ne partagent pas l'avis de la mission. L'ancien sénateur UDI Yves Pozzo di Borgo a ainsi estimé que la chambre haute «dérape complètement» en débattant de l'obligation de vaccination pour les adultes.

Le député ex-membre de la République en marche Joachim Son-Forget a estimé qu'avec la volonté de rendre la vaccination obligatoire pour les soignants le gouvernement était «liberticide».

Le député et président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignant a quant à lui déclaré que «l’étau se resserre» et que «tous les partisans de la Liberté» devront se mobiliser «contre ceux qui se jettent dans la fuite en avant vaccinale, en dépit du droit de chacun à disposer de son corps». «Est-ce d’ailleurs bien légal d’imposer un produit sous autorisation conditionnelle ?», s'est interrogé l'ancien maire d'Yerres.

L'ex-député européen et président des Patriotes Florian Philippot a estimé que si la France instaurait la vaccination obligatoire des plus de 12 ans, elle «deviendrait sur ce point le pays le plus tyrannique du monde, car probablement le plus corrompu». «La résistance sera totale», a-t-il affirmé. 

En ce qui concerne la vaccination obligatoire des 24-59 ans souhaitée par les sénateurs, Florian Philippot a déclaré qu'il s'agissait d'une «folie», car il concerne «un produit bénéficiant toujours d’une autorisation temporaire». «Les faux certificats se multiplieraient à coup sûr !», a-t-il également prédit.