France

Propagande électorale : Gérald Darmanin présente ses excuses aux Français

Le gouvernement a tenté de justifier l’imbroglio autour des professions de foi que de nombreux foyers n'ont pas reçues. La privatisation serait en partie coupable de cette situation, selon Gérald Darmanin, qui assume une part de responsabilité.

La séance était houleuse le 29 juin lors des traditionnelles questions au gouvernement, particulièrement lors de l'évocation des dernières élections régionales et départementales qui ont vu l'abstention atteindre des niveaux record et une défaillance dans la réception de la propagande électorale.

Répondant à une question de la députée Les Républicains (LR) Véronique Louwagie – elle-même candidate aux départementales –, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a reconnu «des dysfonctionnements» : «Oui je les assume et oui je représente mes excuses aux Français qui n'ont pas reçu cette propagande.»

Il dit avoir repéré «trois types d'erreurs» qui expliqueraient le problème. La principale étant pour lui la «directive de l'Union européenne qui prévoit la privatisation de la voie postale [...] notamment de la propagande électorale, mise en place en 2010 par des marchés et pour la première fois en concurrence en décembre dernier». «Effectivement Adrexo a eu la moitié des lots, et c'est notamment dans la moitié des lots [où se situe] la responsabilité de la non-distribution», complète Gérald Darmanin, qui a jugé cette défaillance «scandaleuse».

«Je l'ai rappelé à la société puisque c'est plus de 100 millions qui ont été donnés à cette société pour faire ce marché», a-t-il précisé. Le ministre a aussi estimé que la France était l'«une des démocraties qui a[vait] le moins de temps entre les deux tours». Selon Gérald Darmanin, cela «n'a pas permis à l'Etat, malgré la réquisition de 1 000 personnes supplémentaires dans les préfectures», de rectifier le tir pour le second tour.

Le Sénat a annoncé la création d'une commission d'enquête sur le sujet. Le président des députés LR, Damien Abad, a également demandé à ce que l'Assemblée nationale se saisisse de cette question. La députée Véronique Louwagie s'est de fait adressée aux marcheurs, espérant que la majorité présidentielle ferait «la lumière» sur ce qu'elle considère comme un «scandale démocratique».

Pour Jean Castex, avec ou sans propagande, l'abstention est identique

Dans une intervention précédente, Jean Castex avait déclaré devant la représentation nationale que le taux d'abstention ne variait pas entre les départements où la propagande électorale avait été correctement distribuée et les autres. «Cela ne constitue aucune excuse», a néanmoins concédé le Premier ministre. Il a enchaîné en pointant les «exécutifs locaux» qui, selon lui, sont en partie responsables de l'abstention car n'ayant «pas su drainer et expliquer l'importance de ces élections».

Cette explication a déclenché des cris et une huée sur les bancs, particulièrement à droite. La députée socialiste (PS) Valérie Rabault a ajouté que c'était «la première fois» qu'il y avait eu «un tel fiasco dans notre pays».