France

La Licra annonce saisir la justice après des propos jugés antisémites d'un général

Des personnalités ont exprimé leur indignation après qu'un général, signataire de la tribune contre le «délitement» de la France, a déclaré sur CNews qu'une «communauté» contrôlait la «meute médiatique». La Licra a annoncé saisir la justice.

La Ligue international contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a annoncé saisir la justice, après des propos tenus par le général Dominique Delawarde sur CNews ce 18 juin. «Plus maréchal que "général", en ce 18 juin, Delawarde accuse la "communauté que vous connaissez bien" sur les ondes de Cnews. La commission juridique de la Licra se saisit des faits pour que cet appel soit entendu… Par la Justice», a tweeté l'organisation.    

Signataire avec une vingtaine de généraux à la retraite d'une tribune dénonçant le «délitement» de la France, publiée fin avril par Valeurs actuelles, Dominique Delawarde était, ce 18 juin, l'invité de Jean-Marc Morandini dans l'émission «Morandini Live».

Dans le cadre de cette émission, Claude Posternak, spécialiste de l'opinion et fondateur du Baromètre Posternak-Ifop, questionnait le militaire en ces termes : «Vous essayez de faire passer auprès des Français l'idée que vous êtes apolitique. Donc, je vais essayer de répondre pour éclairer les Français sur la nature de l'émetteur que vous êtes», a-t-il dit en préambule, lisant ensuite une déclaration du général dans la Tribune Diplomatique internationale à propos des accusations de fraude aux Etats-Unis lors de la dernière élection présidentielle qui a opposé Joe Biden à Donald Trump. «Mon intime conviction me dit que oui [il y a eu fraude] car il y a trop d'indices concordants pour permettre à la meute médiatique occidentale, dont nous savons qui la contrôle, de me convaincre du contraire», indiquait Dominique Delawarde dans le texte en question. Claude Posternak a demandé au général à la retraite : «J'ai une question à vous poser : qui contrôle la meute médiatique ?» «Ben vous savez bien ! Qui contrôle la meute médiatique dans le monde et en France ?», a alors répondu par l'interrogative Dominique Delawarde. Claude Posternak et les autres personnes présentes sur le plateau lui demandant à plusieurs reprises de préciser sa pensée, l'ancien général a fini par répondre : «C'est la communauté que vous connaissez bien.»  

Jean-Marc Morandini a alors immédiatement interrompu l'entretien, faisant valoir qu'il «ne p[ouvait] pas laisser dire ça». En fin d'émission, rapporte jeanmarcmorandini.com, le journaliste a exprimé sa consternation et annoncé que ce général «ne prendr[ait] plus l’antenne dans cette émission». «Je pense sur CNews non plus et j’espère nulle part ailleurs», a-t-il poursuivi.

Condamnations politiques

Sur Twitter, de nombreuses personnalités, de gauche comme de droite, ont exprimé leur indignation ce 18 juin. C'est notamment le cas du député France insoumise Eric Coquerel, qui a annoncé «signaler ces propos antisémites au Procureur de la République». «Quand on vous dit que les tribunes d’anciens généraux factieux sont un danger pour la République : en voici la preuve !», a-t-il ajouté.

L'ancien Premier ministre Manuel Valls s'est également exprimé sur ce passage, remerciant Claude Posternak «pour avoir débusqué un antisémite» et Jean-Marc Morandini «pour avoir mis fin à sa logorrhée insupportable». «Le racisme et l’antisémitisme ne sont pas des opinions, mais des délits», a-t-il ajouté.

«Une honte absolue», a renchéri le député LREM François Jolivet. «Je vois la colère saine de Claude Posternak. Je veux lui dire merci. Merci d'avoir fait sortir de la bergerie le loup haineux qui y dormait», a écrit le parlementaire sur Twitter.

«Il est (encore) intolérable qu’au sein de l’armée Française des personnes,même à la retraite, soient ouvertement antisémites et complotistes nous espérons que l’[état-major français et le ministère français des Armées] prendront les sanctions appropriées», a de son côté tweeté la branche marseillaise du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France).