France

Les avocats de Lille, en grève, évacués en force par les CRS

Alors que les avocats manifestaient ce matin contre la réforme de l'aide juridictionnelle, ils ont été évacués du tribunal de Lille par les forces de l'ordre.

Des avocats, en robe, délogés manu militari par des policiers. Voilà les images diffusées depuis ce matin après que la police a décidé de forcer le blocus du palais de justice de Lille, verrouillé par des avocats en grève. Souhaitant protester contre la réforme de l’aide juridictionnelle, les avocats tentaient, depuis 8 heures ce matin, d’empêcher l’accès au tribunal afin qu’aucune audience ne puisse se tenir.

Finalement, après quatre heures de blocage, la police a décidé de «forcer le passage» pour que «neuf justiciables» puissent accéder aux salles d’audience, a expliqué Vincent Potié, le bâtonnier de Lille. Certaines audiences devaient donc se tenir ce mardi, malgré le blocage du tribunal, reconduit jusqu’à 19 heures selon le bâtonnier.

Le premier des avocats lillois a aussi dénoncé la violence de la police, évoquant «cinq avocats qui se sont fait molester». Sur les réseaux sociaux, des vidéos publiées accréditent cette version car l'on peut voir des robes déchirées, mais aussi des avocats être traînés au sol. La police, de son côté, a nié toute violence et explique avoir dû «repousser les manifestants pour laisser le passage aux détenus afin qu'ils puissent entrer dans le tribunal».

Le mouvement de grève des avocats pourrait durer, a prévenu Vincent Potié pour qui «le mouvement s'amplifiera, sera de plus en plus radical et de plus en plus national tant que Mme Taubira ne retirera pas son projet et tant qu'elle ne formulera pas des propositions sérieuses, et non pas des propositions de mensonges». Les avocats dénoncent le changement de formule de l’aide juridictionnelle.

Cette aide permet aux plus démunis d'accéder aux services d'un avocat, mais la garde des Sceaux souhaite un relèvement du plafond de revenus pour les bénéficiaires, une refonte du barème de rémunération des actes et une participation des barreaux à son financement.

Le mouvement national de grève contre le projet de réforme de l'aide juridictionnelle était suivi lundi par 141 des 164 barreaux de France.