France

Papacito : BFMTV accuse Mélenchon de «manœuvre politique» et interrompt sa conférence de presse

Alors que le chef de LFI appelle les médias à «observer une pause de 5 minutes dans le Mélenchon-bashing», les journalistes de BFMTV se sont dits «gênés» de sa réaction à la vidéo de Papacito qui mettait en scène l'exécution d'un «gauchiste».

Le 7 juin, Jean-Luc Mélenchon, patron de La France insoumise, diffusait en direct une conférence sur sa propre chaîne YouTube revenant sur la vidéo de Papacito baptisée «Le gauchisme est-il pare-balles ?» Dans cette dernière, le polémiste simulait l'exécution d'un «gauchiste», représenté par ce que le vidéaste décrivait comme électeur communiste un mannequin affublé d'un T-shirt sur lequel était écrit «Mediacuck. Dhimmi. Je suis communiste». Papacito expliquait vouloir vérifier que le «matériel de base du mec qui vote Jean-Luc Mélenchon va lui permettre de résister à la potentielle attaque d'un terroriste sur notre territoire».

Comme il l'a expliqué lors de sa conférence de presse, le chef de file de La France insoumise a annoncé le dépôt d'une plainte et dénoncé un «appel au meurtre».

Ayant choisi de retransmettre en direct la prise de parole de Jean-Luc Mélenchon, la chaîne d'information BFMTV a néanmoins choisi d'interrompre la séquence pour revenir en plateau. 

«C'est ce qui s'appelle une manœuvre politique et en réalité nous-mêmes en plateau sommes extrêmement gênés de ce qui est en train de se passer», lance alors le présentateur. «Là, on est dans l'illustration absolue de ce qu'on appelle un contre-feu», poursuit le journaliste, accusant Jean-Luc Mélenchon de vouloir «détourner l'attention» des «critiques nées de [...] ses propos complotistes».

Le patron de La France insoumise appelle à la fin du «Mélenchon-bashing»

Cible de toute l'attention médiatique depuis ses propos tenus sur France Info le 6 juin, qui lui ont valu des commentaires peu élogieux dans la presse comme sur les plateaux télévisés, Jean-Luc Mélenchon s'est exprimé ce 8 juin sur Twitter, lançant : «Les médias pourraient-ils observer une pause de 5 minutes dans le Mélenchon-bashing pour se demander pourquoi ni le gouvernement ni le parquet ne réagissent aux menaces de mort de Papacito ? C'est complotiste de s'interroger ? Faut-il d'abord être mort ?»

Le simulacre d'exécution avait provoqué l'émoi dans les rangs de La France insoumise et suscité le débat dans la sphère politique. Alors que la vidéo en question a été supprimée par YouTube, le vidéaste Code-Reinho qui apparaît aux côtés de Papacito a en revanche démenti tout appel au meurtre contre le député des Bouches-du-Rhône. «Et oui mon petit Méluche [Jean-Luc Mélenchon], cette vidéo ne te ciblait pas», a-t-il déclaré sur sa chaîne YouTube.

Jean-Luc Mélenchon a pour sa part appelé la classe politique, toutes tendances confondues, à lui apporter son soutien. «Qui que vous soyez, quelle que soit votre opinion politique à mon sujet ou à celui des insoumis, je suis certain qu'aucune et aucun d'entre vous n'approuve une telle mise en scène», a-t-il notamment déclaré.

La veille, sur le plateau de France Info le 6 juin, le patron de La France insoumise avait fait polémique en prédisant un «grave incident ou un meurtre» peu avant la présidentielle.

«Ça a été Merah en 2012 [auteur des tueries de Toulouse et de Montauban, notamment dans une école juive], ça a été l'attentat la dernière semaine sur les Champs Elysées [en 2017, un djihadiste assassine le policier Xavier Jugelé], avant on avait eu Papy Voise [Paul Voise, un retraité agressé chez lui à Orléans en avril 2002], dont plus personne n'a jamais entendu parler après. Tout ça, c'est écrit d'avance», avait-il affirmé.

S'il avait dénoncé, face à la polémique, un «mot monté en épingle» et un «buzz affligeant», cette sortie lui a valu les récriminations de proches de victimes de Mohamed Merah, de la Licra, ainsi que de plusieurs personnalités politiques et médiatiques comme par exemple Valérie Pécresse, Aurore BergéElisabeth Levy, Caroline Fourest, Bernard-Henri Lévy ou encore l'avocat Patrick Kulgman, certains l'accusant de «complotisme».

Imaginant un duel Mélenchon-Le Pen au second tour de la présidentielle, l'essayiste Raphaël Enthoven s'était pour sa part interrogé sur son choix entre «la Peste ou la Peste» et le «brun ou le rouge-brun», accusant les deux opposants à Emmanuel Macron d'être «d’accord sur l’Europe, l’OTAN, la Syrie, la Russie, la médiacratie, les retraites, les Tchétchènes, les gilets jaunes, les dictateurs (Orban, Chavez, Poutine…)».

Et l'homme de médias de faire son choix : «Je crois que, s’il fallait choisir entre les deux, et si le vote blanc n’était pas une option, j’irais à 19h59 voter pour Marine Le Pen en me disant, sans y croire, "Plutôt Trump que Chavez."»