Des rassemblements, notamment à Paris, étaient prévus le 15 mai pour soutenir la cause palestinienne face aux événements qui embrasent actuellement la région. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin en a décidé autrement et a demandé «au Préfet de police d’interdire les manifestations [...] en lien avec les récentes tensions au Proche-Orient». «De graves troubles à l’ordre public furent constatés en 2014. Consigne a été donnée aux Préfets d’être particulièrement vigilants et fermes», a-t-il annoncé pour justifier cette décision. La préfecture a suivi les recommandations en prenant un arrêté d'interdiction de manifestation.
De nombreux cadres de gauche ont condamné cette décision, à l'instar de plusieurs élus insoumis (LFI). Eric Coquerel a réagi sur plusieurs canaux, dont BFM TV, en affirmant qu'il s'agissait d'«une provocation» de Gérald Darmanin «pour créer le désordre». «Pourquoi la France est le seul pays qui empêche des manifestations ?», questionne-t-il, en s'offusquant que le rassemblement «pacifique» (mais interdit) du 12 mai ait entraîné des verbalisations et une «arrestation» de l'un de ses organisateurs.
La députée du Parti communiste Elsa Faucillon, souvent proche des positions de LFI, considère pour sa part que le «motif d’interdiction [est] absolument lunaire». «Manifester est un droit dont [Gérald Darmanin devrait] être le garant», ajoute-t-elle. «Et en l’occurrence vu le silence de notre pays sur les raisons des attaques, ça me semble même un devoir !», conclut la communiste dans un tweet.
La porte-parole de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud, estime qu'Emmanuel «Macron ne se contente pas d’être complice de la politique coloniale et terroriste d’Israël, il veut avec [Gérald] Darmanin faire taire toute dénonciation». «Inacceptable !», s'exclame la candidate aux régionales en Ile-de-France.
Le patron du Parti socialiste Olivier Faure soutient également qu'«un précédent vieux de sept ans ne peut justifier de contrevenir à la liberté de manifester». «Il appartient au gouvernement de veiller avec les organisateurs au bon déroulement», complète-t-il en soulignant que «c’est à un cessez-le-feu que la communauté internationale doit appeler pour éviter une escalade meurtrière».
Néanmoins, des politiques ont tenu à exprimer leur soutien à Gérald Darmanin, tel l'ancien socialiste et élu barcelonnais Manuel Valls qui a laconiquement tweeté : «C'est la bonne décision.»
La maire PS de Paris, Anne Hidalgo, a estimé elle que l'interdiction par le gouvernement de la manifestation pro-palestinienne de samedi était une «décision sage».
«Je crains des violences puisqu'en 2014, nous avons tous gardé le souvenir d'une manifestation extrêmement difficile où des propos terribles comme "mort aux Juifs" ont été proférés», a déclaré Anne Hidalgo à l'AFP en marge de la commémoration à Paris de la «rafle du billet vert», première arrestation massive de Juifs en mai 1941.
«Paris et la France ne peuvent pas être le terrain d'affrontements qui importeraient ce conflit sur notre territoire», a encore dit Anne Hidalgo, ajoutant qu'elle a «toujours défendu, à l'instar de la classe politique française, la solution à deux Etats» au Proche-Orient.
A droite, l'interdiction de la manifestation parisienne a reçu l'approbation du député Les Républicains des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, et du maire de Nice, Christian Estrosi, qui a demandé au préfet des Alpes-maritimes de faire de même dans son département.