France

Clivage au sein de LREM quant au refus d'une candidate voilée sur une photo de campagne

Après que le délégué général du parti présidentiel Stanislas Guerini a exigé que des candidats LREM à Montpellier changeassent leur photo où apparaissait une femme voilée, les critiques n'ont pas tardé à fuser, y compris dans la majorité.

«Soit ces candidats changent leur photo, soit LREM leur retirera leur soutien», cet arbitrage de Stanislas Guerini le 10 mai, dans un tweet en relayant un autre du candidat RN en Ile-de-France Jordan Bardella qui s'indignait de la présence d'une candidate macroniste voilée à Montpellier a suscité nombre de réactions et révélé un clivage au sein du parti présidentiel.  

«Ecarter cette candidate serait une discrimination», s'est indignée la députée marcheuse du Val-d'Oise Naïma Moutchou. «Le mépris du droit, c’est l’agenda du RN. Pas le nôtre», a-t-elle encore assuré, évoquant la loi sur la protection des convictions religieuses. 

«L’extrême-droite ne doit pas dicter notre agenda politique et encore mois les règles électorales», a déclaré dans la même veine la députée LREM Cécile Rilhac, soutenue par sa collègue Stella Dupont : «Le port du voile n’est pas interdit aux candidats aux élections françaises. C’est le choix de chacun : candidats et électeurs», a écrit cette dernière.

«Indignité. Courir après le Front national ne servira qu'à faire gagner leurs idées. Ça suffit», a déclaré pour sa part la députée LREM Caroline Janvier.

«Je répète ce que j'ai dit à l'Assemblée nationale : je ne suis pas pour le port du voile, mais je me battrai pour que celles qui souhaitent le porter puissent le faire librement», a écrit le député de Marseille Saïd Ahamada. 

Mais la position de Stanislas Guerini a été validée au plus haut niveau du parti : «Pour la République en marche, on ne souhaite pas présenter de candidat qui s'affiche sur des documents officiels de campagne avec un signe ostensible religieux, c'est une question de choix politique», a déclaré le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal sur France Inter, rappelant au passage que la loi n'interdisait pas de se présenter voilée. 

«C’est clair, net et précis. C’est une question de choix politique», a réagi la marcheuse Anne-Christine Lang après cette déclaration.

Plus tôt, la députée Aurore Bergé avait souligné que dix ans auparavant, une partie de la gauche avait critiqué la présence d'une femme voilée sur une affiche électorale d'extrême-gauche : «En 2010, le NPA voulait présenter une candidate portant le voile. Voici ce qu'en disaient... Martine Aubry et Jean Luc Mélenchon. Et 10 ans après certains nous accuseraient de tous les maux pour être au clair sur nos valeurs universalistes et laïques ?», a-t-elle écrit, capture d'écran des articles d'archives à l'appui.

«Chacun est libre de croire ou non. D'embrasser la religion qu'il veut. De porter le voile ou non dès lors justement que c'est librement choisi. Mais ici, c'est une affiche de campagne électorale. On n'y affirme pas ses opinions religieuses», a-t-elle encore justifié plus tard.