France

Meurtre du policier Eric Masson : quatre suspects interpellés à un péage près d’Avignon

Quatre personnes suspectées d'être impliquées dans le meurtre du brigadier Eric Masson, tué lors d'une opération antidrogue à Avignon le 5 mai, ont été arrêtés le 9 mai au soir à une vingtaine de kilomètres de la ville.

Le ministre de l'Intérieur a annoncé le 10 mai sur BFMTV que quatre personne en tout avaient été arrêtées dans le cadre de l'enquête sur le meurtre d'un policier à Avignon le 5 mai. Parmi eux figurent, selon une source proche du dossier citée par l'AFP, le tireur présumé, son complice et le chauffeur. La 4e personne est une femme, sœur d'un des hommes interpellés. 

«Il aurait été insupportable pour les policiers [...] pour tous les Français, que ces personnes puissent continuer à vivre en toute liberté», a déclaré le ministre qui s'est dit «fier» du travail des policiers pour mener cette interpellation survenue le 9 mai. Il a par ailleurs insisté sur le fait que ces suspects bénéficiaient de la présomption d'innocence même si «tout» laisse à penser aux enquêteurs qu'ils sont «directement liés» à ce crime. 

Les interpellations ont eu lieu au péage de Remoulins, a précisé le ministre de l'Intérieur. 

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin assistera le 11 mai à un hommage national au policier présidé par le Premier ministre Jean Castex.

Le 9 mai en début d'après-midi, plusieurs milliers de personnes – 5 000 selon la police – policiers en civil ou habitants des environs sont venus déposer des fleurs ou mettre un mot sur les registres de condoléances devant le portrait du père de famille, sur les marches de l'hôtel de police. Pendant ce rassemblement, à l'appel des syndicats de la profession, le silence a été interrompu seulement par des applaudissements pour la police et deux Marseillaises.

Les coéquipiers d'Eric Masson, très éprouvés, étaient présents mais pas sa famille qui a fait part de son besoin de tranquillité dans ce moment de deuil et souhaite se tenir éloignée de toute agitation politique et médiatique. Dans la foule, une dame qui préfère taire son nom cachait mal ses larmes. «Mon fils était avec lui, il lui a tenu la main quand il mourait. Il est dévasté. Moi je ressens une colère immense contre ce système. Pourquoi tant de haine ?», confie cette mère d'un des brigadiers de l'équipe d'Eric Masson.

Appelés le 5 mai sur un point de trafic de drogue bien connu, dans le centre historique d'Avignon, les policiers de la brigade d'intervention départementale Vaucluse-Gard, en civil, dont Eric Masson, avaient procédé au contrôle d'une cliente «de ce qui ressemblait à un échange de stupéfiants», selon le procureur Philippe Guémas. Alors que la femme venait d'être arrêtée par les deux policiers, «deux individus s'avançaient [...] et l'un des deux, porteur d'une sacoche en bandoulière, [leur] demandait ce qu'ils faisaient là», a expliqué le procureur : «Eric Masson déclinait sa qualité de policier et l'individu sortait une arme de poing et faisait feu à deux reprises, l'atteignant au thorax et à l'abdomen.» Le policier est mort sur place.

Rencontre entre les syndicats et le Premier ministre 

Tous les syndicats de police, qui avaient appelé à un rassemblement à Paris le 9 mai, doivent être reçus ce 10 mai par le Premier ministre Jean Castex. 

«Ce qu'on ressent, c'est même plus de la colère car on est résigné. Ça ira de pire en pire car il n'y a pas de soutien. Derrière, la justice ne suit pas», déplore Nicolas, un ancien collègue marseillais d'Eric Masson. Il confie ses doutes, sa vocation ébranlée. «On aime ce qu'on fait», tempère à ses côtés un collègue, Franck. «Nous ne sommes pas des guerriers mais des gardiens de la paix», insiste Bruno Bartoccetti, secrétaire régional du syndicat Unité SGP, qui espère des mesures plus fermes contre «des dealers qui aujourd'hui sont armés». «Il faut donner à la justice les moyens de sanctionner», ajoute-t-il.

Fabien Vanhemelryck, secrétaire général d'Alliance police nationale, réclame lui «des peines incompressibles pour chaque catégorie d'infractions». «La lutte contre les trafics de stupéfiants, partout sur le territoire national, s'apparente à une guerre. Cette guerre, nous la menons grâce à des soldats, [...] les policiers et les gendarmes de France. Aujourd'hui, un de ces soldats est mort en héros», avait déclaré le 5 mai Gérald Darmanin.

Le département de Vaucluse, l’un des dix plus pauvres de France, a connu une hausse du trafic de drogue ces dernières années, comme plusieurs villes de l'arc méditerranéen, selon des responsables policiers et judiciaires interrogés récemment par l’AFP.