A Saint-Brieuc en Bretagne, environ 300 manifestants se sont réunis le 3 mai devant la préfecture des Côtes d'Armor pour protester contre un projet de parc éolien dont la construction – confiée à une filiale de l'entreprise espagnole Iberdrola – devait débuter le jour même dans la baie de la ville. Ce rassemblement a réuni des pêcheurs, des membres d'associations environnementales mais aussi de simples citoyens farouchement opposés à ce projet susceptible de «détruire la mer», rapporte l'AFP.
«Non à la mort de la pêche artisanale», «Iberdrola, parrain de la mafia éolienne», «Non, les éoliennes ne doivent pas remplacer les pêcheurs» ont-ils scandé sous les fenêtres de la préfecture. Les manifestants ont accroché des banderoles aux grilles de la préfecture et les pêcheurs ont déversé des coquilles Saint-Jacques vides pour rappeler leur inquiétude de voir leur pêche menacée.
«Il faut qu'on réussisse à empêcher ces parcs d'envahir nos côtes», a déclaré le président du comité départemental des pêches, Alain Coudraie. Il a par ailleurs accusé dans la foulée la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili de vouloir faire «disparaître la pêche».
62 éoliennes fixées à 16,3 km des côtes : un projet mené par une filiale de l'espagnol Iberdrola
Selon Katherine Poujol, présidente de l'association «Gardez les Caps», ces éoliennes vont déverser de l'aluminium en mer chaque jour et «toute la chaîne alimentaire va être contaminée» précisant que chaque éolienne contient «1,3 tonne de terres rares» dont des métaux utilisés dans la fabrication de produits de haute technologie, a-t-elle déclaré à l'AFP.
Confié à la société Ailes Marines, filiale de l'entreprise d'Iberdrola, ce parc verra naître 62 éoliennes de plus de 200 m de haut fixées sur les fonds marins et constitue l'un des sept projets éoliens attribués par l’Etat depuis 2012 en Manche et dans l'Atlantique dans le cadre du développement des Energies marines renouvelables (EMR). D’une capacité de 496 MW chacune, ce parc est censé produire 1 820 GWh, soit la consommation électrique annuelle de 835 000 habitants d'après son promoteur. Le parc doit entrer en fonction à la fin de 2023 et sera érigé à 16,3 km des côtes les plus proches (le Cap Fréhel et le port de pêche d'Erquy) qui sont des secteurs classés.
Dans un entretien accordé au quotidien Le Télégramme, le directeur général d'Iberdrola énergies renouvelables offshore, Jonathan Cole, a considéré que «les pêcheurs de la baie de Saint-Brieuc ont eu davantage d’impact ici que n’importe où ailleurs». «Nous comprenons que nos travaux puissent affecter [leur] activité. C’est aussi pour cela que nous dédommageons l’activité locale à hauteur de 10 millions d’euros. Mais je suis certain que le bon voisinage sera possible dans le futur», a-t-il ajouté.
Le préfet annonce mobiliser des navires de l'Etat pour protéger le chantier
Le 3 mai dans la matinée, les pêcheurs avaient prévu de se rendre en mer pour rencontrer les navires de la société qui devaient débuter leur intervention par des travaux de forage. Finalement, ces rencontres en mer n'ont pas eu lieu car la société a retardé l'entrée en action de sa flotte pour des raisons météorologiques. Face à la menace répétée de plusieurs pêcheurs qui souhaitent perturber le démarrage du chantier, le préfet maritime de l’Atlantique a annoncé vouloir déployer des navires de l’Etat selon Le Télégramme.
Craignant des tensions, le préfet maritime de l’Atlantique et vice-amiral d’escadre Olivier Lebas a annoncé qu'il prévoyait de déployer plusieurs navires (gendarmerie maritime, marine nationale et douanes) «pour accompagner le début des travaux du parc éolien en baie de Saint-Brieuc» afin de «garantir la sécurité de la navigation, des personnes, des biens et de l'environnement».
Le journal rappelle par ailleurs qu'un arrêté préfectoral du 29 avril 2021 a instauré une zone réglementée pour toute la durée des travaux, le mouillage de tout navire ou engin ainsi que la plongée et la pratique de tout type de pêche y étant interdits.