Par l'odeur d'ingérence alléchés ? Relayant dans les moindres détails les informations disponibles sur les pérégrinations en Ukraine de l'avocat de Donald Trump Rudy Giuliani, actuellement dans le viseur de la justice fédérale, plusieurs titres de presse américains sont allés semble-t-il un peu vite en besogne.
Ainsi la chaîne de télévision NBC et les quotidiens Washington Post et New York Times ont tout trois publié un erratum le 1er mai après avoir affirmé à tort que l'ancien maire de New York et avocat de Donald Trump avait été averti en 2019 par les services de contre-espionnage du FBI qu'il était visé par une tentative d'influence de l'élection de 2020 par les services russes.
Donald Trump avait été acquitté en 2020 dans un procès en destitution lancé contre lui par la Chambre des représentants sous majorité démocrate pour avoir supposément fait pression sur le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans le but d'obtenir des informations compromettantes sur les agissements du fils de Joe Biden en Ukraine.
Son avocat Rudy Giuliani a été au centre de l'affaire et aurait joué un grand rôle dans la collecte d'informations contre l'adversaire démocrate de l'ancien président. Il aurait été, selon la première version des titres de presse, informé qu'il faisait l'objet de manipulations de la Russie pour favoriser l'élection de Donald Trump.
«Une version antérieure de cet article comprenait une information incorrecte selon laquelle Rudolph Giuliani avait reçu un avertissement du FBI en 2019 l'avertissant qu'il était visé par une opération d'influence russe. Le rapport était basé sur une source proche du dossier, mais une deuxième source [affirme] maintenant que l'avertissement n'a été préparé que pour Giuliani et ne lui a pas été remis [...] En conséquence, le chapeau et le titre de l'article ci-dessous ont été modifiés pour refléter les informations corrigées», indique un message sur la page de l'article de NBC, des messages similaires ayant été partagés sur les articles correspondants des deux autres titres.
Si cette vigilance du FBI est sans lien avec l'enquête dans laquelle Rudy Giuliani est mis en cause, elle reflète selon le Washington Post une «préoccupation plus large des services de renseignement américains et des enquêteurs fédéraux selon lesquels [Rudy Giuliani] – parmi d'autres Américains influents et des institutions américaines – était manipulé par le gouvernement russe pour promouvoir ses intérêts».
C'est une tactique pratiquée uniquement dans une dictature
L'appartement et le bureau de Rudy Giuliani à New York ont été perquisitionnés le 28 avril par les procureurs fédéraux de Manhattan qui enquêtent depuis des mois sur les activités de lobbying de l'avocat en Ukraine. Et plus particulièrement sur la possibilité qu'il soit intervenu auprès du gouvernement Trump en 2019, au nom de responsables et hommes d'affaires ukrainiens.
«Il aime juste son pays et ils perquisitionnent son appartement, c'est si injuste et tellement deux poids, deux mesures, on n'avait jamais vu ça», s'est indigné Donald Trump sur Fox Business News. «C'est une tactique pratiquée uniquement dans une dictature», a déclaré pour sa part l'avocat.
Enfin, Joe Biden s'est défendu de son côté d'avoir influé sur les investigations : «J'ai été informé [de la perquisition] hier soir comme le reste du monde, je n'avais aucune idée qu'elle était en cours», a-t-il déclaré, non sans accuser son prédécesseur d'avoir tenté lui-même d'instrumentaliser la justice à des fins politiques.