Le 22 avril, La République en marche (LREM) a envoyé aux contacts de son groupe Telegram un questionnaire en ligne ouvert à tous, concernant l'éventuelle mise en place d'un «pass sanitaire» comme outil de lutte contre le Covid-19. Le document stipule que «les données personnelles recueillies sur ce formulaire sont traitées par LREM afin d'alimenter la réflexion du mouvement sur le sujet du pass sanitaire».
Evoqué depuis des mois en France, le projet de pass sanitaire soulève des inquiétudes. Il est censé permettre la levée progressive des restrictions de déplacements et l'accès à certains lieux et événements, mais aucun détail n'a pour l'instant été donné sur sa forme.
Un passeport conditionnant l'accès à certains lieux publics, obligatoire même après la crise ?
Le document mis en ligne par LREM, qui comporte une dizaine de questions, demande au participant s'il a entendu parler du projet de «pass vaccinal» ou de «pass sanitaire», avant de chercher à savoir s'il lui évoque quelque chose de positif ou de négatif.
S'ensuit un paragraphe explicatif vantant les mérites supposés du pass sanitaire, qui selon LREM «vise à faciliter le retour à la vie normale tout en réduisant la propagation du virus». «Sous format numérique, il pourrait comprendre un certificat de test négatif, un certificat d'immunité ou une attestation de vaccination, à présenter à l'entrée de restaurants, de lieux publics fermés, avant un vol, etc.», est-il encore précisé.
Le questionnaire demande au participant s'il juge nécessaire de rendre ce pass obligatoire «pour les événements avec de la foule (concerts, festivals, salons professionnels), pour l'accès à certains lieux publics (musées, hôtels) ou aux lieux de boisson (bar) ou de restauration, pour les transports aériens», et s'il faut le conserver «même après la crise».
«Si le pass sanitaire n’était pas obligatoire au niveau national, auriez-vous tendance à privilégier un établissement qui ferait le choix de l’exiger?», interroge ensuite LREM, avant de demander si l'usage du pass sanitaire serait envisageable «à l'occasion d'une réunion de famille ou d'un événement amical comptant plus de six personnes».
La dernière question porte sur l'accès au territoire français et à ceux des autres pays européens, qui serait conditionné à la possession d'un tel «passeport vert».
Un certificat sanitaire critiqué
Critique de longue date du projet, le président des Patriotes Florian Philippot a rapidement réagi, estimant que les pouvoirs publics «prépar[aient] l'enfer» avec cette «hallucinante et très révélatrice consultation».
Sur RT France début avril, discutant d'un projet similaire porté par les dirigeants britanniques, Frédéric Viale, spécialiste des questions européennes, avait estimé que le passeport sanitaire avait toutes les chances d'aboutir et de s'imposer aussi en France. Pour l'analyste, le projet n'est qu'une étape dans la surveillance généralisée de la population : «Je vous le dis, d'ici trois ans, nous serons dans la même situation que la Chine, si rien ne se passe [...] nous aurons un contrôle par le QR code, non pas seulement pour entrer sur le territoire, mais aussi pour entrer dans un magasin, un théâtre, un cinéma», soulignait-il.
Des critiques qui se font également entendre aux Etats-Unis, où le gouverneur républicain de Floride Ron DeSantis a interdit par décret le passeport vaccinal le 2 avril, justifiant sa décision par sa volonté de ne pas créer «deux classes de citoyens», et de protéger la liberté individuelle et le secret médical.
Pour l'heure, le gouvernement français a annoncé que l'application de traçage des malades du Covid-19 TousAntiCovid va intégrer un carnet permettant de prouver le résultat positif ou négatif d'un test de détection du virus, puis certifier l'état vaccinal.
Au niveau européen, l'UE doit mettre en place d'ici fin juin un sésame destiné à faciliter les déplacements des citoyens pouvant attester qu'ils ont été vaccinés contre le Covid-19, qu'ils ont passé un test PCR ou antigénique rapide, ou encore qu'ils sont immunisés après avoir été infectés. Le 14 avril, les ambassadeurs des 27 Etats membres ont fixé à un an la durée d'application d'un règlement sur le certificat sanitaire préparé par la Commission européenne et désormais négocié avec les eurodéputés.