France

«Sapin, ton budget nous fout les boules» : manifestation des étudiants à Paris

Les étudiants défilaient par centaines ce vendredi à Paris pour réclamer une rallonge budgétaire, après une rentrée universitaire marquée par des classes et des amphis surchargés et la précarité des enseignants-chercheurs.

Dans le cortège qui se rendait à Bercy, en espérant être reçus par le ministre de l'Economie et des Finances Michel Sapin, les porte-paroles des syndicats étudiants ont laissé exploser leur indignation : 

«Notre génération n'accepte pas qu'au nom de l'austérité, on ait des conditions d'étude qui soient dégradées», a déclaré William Martinet, président de l'Unef, première organisation étudiante, ajoutant que, face à la crise, les jeunes ont plus que jamais besoin d'un diplôme du supérieur.

Alexandre Leroy, président de la Fage, autre syndicat étudiant, a rappelé que, cette année, il y avait 65 000 étudiants de plus. Et de poursuivre : «on sait que d'ici 2020 on aura 10% d'augmentation et on n'a pas de réponse structurelle et encore moins budgétaire».

Quelques lycées parisiens ont également été bloqués en amont de la manifestation, avec des mobilisations d'ampleur «variable», selon le rectorat.

L'Union nationale lycéenne (UNL) s'est associée au mouvement du supérieur, revendiquant un «droit à l'avenir» pour les adolescents, évoquant notamment la limitation des effectifs par classe au lycée, la gratuité des transports pour aller en cours, une hausse des bourses et une consultation sur les rythmes.

Pour les syndicats et collectifs de l'enseignement supérieur et de la recherche (Snesup-FSU, SNTRS-CGT, SGEN-CFDT Recherche, Solidaires, Sciences en marche...), il manque à leur secteur «des milliards» d'euros.

«Désolé Darwin, pas d'évolution pour toi dans la recherche», pouvait-on lire sur une pancarte brandie par les manifestants.

Le projet de loi de finances en cours d'examen à l'Assemblée nationale prévoit un budget stable en 2016 pour l'enseignement supérieur et la recherche, à 25,6 milliards d'euros, alors que les facultés doivent faire face à 65 000 inscriptions supplémentaires (38 700 hors double-inscription des étudiants des classes préparatoires). 

Depuis quelques semaines, le Tumblr masalledecoursvacraquer accumule des photos d'amphithéâtres et salles de TD (travaux dirigés) surpeuplés, avec des étudiants contraints de prendre des notes par terre et parfois dans les couloirs, faute de place. 

Côté enseignants-chercheurs, ces derniers dénoncent un déficit de 30 000 personnes pour encadrer correctement les étudiants, la précarité qui affecte 40% à 60% des effectifs des labos, et des budgets qui ne permettent plus de payer les charges courantes.