France

Couvre-feu et ramadan : des consignes de la préfecture du Tarn à l'origine d'une polémique

Pour le ramadan, les forces de l'ordre du Tarn ont reçu des consignes spéciales de la part de la préfecture qui affirme avoir voulu encourager ses effectifs au «discernement». Mais le message n'a pas été perçu aussi clairement qu'elle l'entendait.

Diffusée le 15 avril par l'hebdomadaire castrais Le journal d'ici, l'information selon laquelle les forces de l'ordre du Tarn auraient reçu des consignes de tolérance pour les musulmans du département qui contreviendraient au couvre-feu dans certaines circonstances a été en partie démentie par l'autorité tarnaise sur les réseaux sociaux.

Initialement, Le journal d'ici avait expliqué avoir consulté des courriels reçus par les policiers et gendarmes du département sur la question. «Les pratiquants sont autorisés par la préfecture à dispenser l'aumône (se traduisant par la livraison de nourriture à des amis, familles...)», peut-on notamment y lire, selon un extrait publié par l'hebdomadaire.

«La préfète rappelle que le couvre-feu s’applique à tous sans aucune distinction. Constatant la mauvaise compréhension des consignes données aux forces de l'ordre, la préfète leur rappelle ce jour clairement que toute personne contrevenant aux règles du couvre-feu doit faire l’objet de verbalisation», est-il toutefois souligné dans un post de la préfecture publié le lendemain sur Facebook.

Parallèlement à ce démenti officiel, l'autorité tarnaise a également confirmé au Journal d'ici avoir proposé une dérogation matinale aux musulmans qui souhaiteraient se rendre à la mosquée pour la première prière de la journée, en leur accordant de circuler à partir de 5 heures le matin, au lieu de 6. «Mais aucune demande n'a été signalée jusqu'à présent aux autorités», a fait savoir la préfecture, citée par l'hebdomadaire.

Mauvaise compréhension des consignes ?

Toujours selon Le journal d'ici, la préfecture a affirmé que les consignes envoyées aux gardiens de la paix du département avaient pour objectif de les encourager au «discernement» concernant «les actions menées au bénéfice des nécessiteux dans le cadre des associations ou des mosquées». Et l'autorité tarnaise de préciser : «La même tolérance est déjà appliquée par exemple aux maraudes des organismes caritatifs, mais aussi à la livraison de repas à domicile par les restaurants et les sociétés spécialisées.»

Dans les faits, le message n'a pas été perçu aussi clairement que l'entendait la préfecture puisqu'il a visiblement déstabilisé un gendarme ou encore un policier, qui ont témoigné auprès du Journal d'ici. «Cela ne nous dit pas ce que nous devons faire concrètement si nous tombons sur un regroupement supérieur à la jauge autorisée de six personnes, pendant le couvre-feu», a notamment confié l'un d'entre eux. 

En tout état de cause, l'épisode a généré un début de polémique à l'échelle du département. Sur Twitter, le maire de Lavaur a par exemple publié un communiqué dans lequel il dénonçait une «discrimination au profit d'une religion» ou encore «la soumission de l'Etat à une pratique religieuse». 

Dans un article revenant sur l'affaire, l'antenne tarnaise de France Bleu a de son côté relevé que «seuls des membres identifiés de l’association "Lueurs de l'islam" avaient le droit de participer à ce temps caritatif [mais] au vu de la polémique, l'association a décidé de jeter l'éponge et de ne plus faire l'aumône».