France

Bretagne : des centaines de personnes se mobilisent en faveur d'une journaliste victime de menaces

Des centaines de personnes se sont rassemblées à Rostrenen en Bretagne en soutien à la journaliste Morgan Large. Celle-ci est victime depuis plusieurs mois d'actes d'intimidations depuis qu'elle enquête sur l'agriculture bretonne et ses dérives.

Plusieurs centaines de manifestants ont défendu la liberté d'informer, le 6 avril à Rostrenen (Côtes-d'Armor), après un «acte de malveillance grave» visant la journaliste Morgan Large, qui enquête sur l'agro-industrie en Bretagne. 

Le 31 mars, la journaliste de Radio Kreiz Breizh (RKB), une radio associative bilingue français-breton installée à Rostrenen, a réalisé que plusieurs boulons fixant sa roue arrière avaient disparu. Une «mise en danger volontaire» selon ses confrères, qui ont appelé à la grève et au rassemblement.

Emue aux larmes devant plus de 500 personnes, la journaliste âgée de 49 ans a énuméré la liste des pressions subies, entre pertes de subventions pour son média et coups de téléphone nocturne, depuis qu'elle enquête sur l'agriculture bretonne. 

Un nouveau cran a été franchi depuis qu'elle a témoigné dans le documentaire Bretagne : une terre sacrifiée diffusé mi-novembre sur France 5. «Je suis devenue une cible parce qu'on m'a désignée comme cible. Mon visage est apparu sur le compte Twitter de la FRSEA Bretagne, j'étais clairement la personne à attaquer», a expliqué la journaliste. 

En décembre déjà, les portes de la radio avaient été forcées. Avant de s'apercevoir qu'il manquait des boulons à sa roue, elle raconte avoir conduit avec ses enfants, «peut-être 250 km». «La prochaine fois, je vais vérifier quoi ? Qu'il n'y a pas le feu à ma maison ? On ne peut pas vivre dans un bunker», confie Morgan Large. «Je n'ai pas l'impression de dire des choses si graves que ça, mais j'écorche le roman agricole national qui est de dire qu'on nourrit la planète et que les produits français sont les meilleurs au monde», ajoute-t-elle.

Heureux de voir autant de personnes rassemblées dans cette bourgade éloignée des grandes agglomérations, Sylvain Ernault, représentant du SNJ (Syndicat national des journalistes) y voit «un bon message envoyé à tous ceux qui voudraient nuire à Morgan». «Cela montre un vrai attachement à la liberté de la presse. Il y a un bouclier citoyen qui se forme autour d'elle et de tous les journalistes qui se sentiraient menacés», estime-t-il.

ERRATUM : le précédent titre de cet article était : «Bretagne : mobilisation de centaines d'agriculteurs en soutien à une journaliste victime de menaces». Si des agriculteurs étaient bien présents au rassemblement, ils n'étaient pas les seuls à y prendre part.