C'est un mot-dièse qui s'est rapidement répandu sur Twitter : à travers #saccageparis, de nombreux internautes mettent en cause la gestion de la propreté et des aménagements urbains de la part de la mairie de la capitale française.
Des photos de rues parisiennes jonchées de détritus, de pans de bitumes mal entretenus, de travaux inachevés, de zones de végétation laissées à l'abandon, de façades recouvertes de tags ou de mares de déchets dans le bassin de la Villette sont partagées en nombre depuis le 21 mars et la création du hashtag.
Si les témoignages en images proviennent essentiellement de personnes se présentant comme des habitants de Paris indignés par la gestion de la maire socialiste Anne Hidalgo (à la tête d'une coalition avec EELV), certaines figures politiques ont également utilisé le mot-dièse pour critiquer l'état de la principale ville de France. «Bravo aux Parisiens révoltés ! La dégradation de notre si belle capitale par l'équipe Hidalgo est une souffrance», a par exemple twitté la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen.
Pour Rachida Dati, maire LR du VIIe arrondissement battue par l'actuel édile aux élections municipales 2020, «il est temps que Mme Hidalgo et ses alliés ouvrent les yeux sur le déclin de Paris». Autre figure de LR, la députée européenne et conseillère municipale de Paris Agnès Evren a écrit qu'elle dénonce «depuis longtemps avec Rachida Dati la saleté des rues de Paris qui dégrade notre qualité de vie».
Laurence Parisot, ancienne patronne du Medef, a évoqué un «mouvement de destruction, d'enlaidissement, de souillure».
Outre les problèmes de propreté et de salubrité, il y a aussi les atteintes au patrimoine
La mairie de la ville refuse pour l'instant de réagir à la polémique qui prend de l'ampleur en ce moment avec ce mot-dièse, mais synthétise des critiques de longue date au sujet de la gestion de la capitale. Auprès du Parisien, l'homme qui a lancé sous le nom @PanamePropre le hashtag #saccageparis sur Twitter, tout en souhaitant garder l'anonymat, a expliqué être parti «d'un coup de colère» : «Je suis Parisien depuis 20 ans et j'ai vu la ville se dégrader depuis l'arrivée d'Anne Hidalgo à la tête de l'Hôtel de Ville. C'était déjà tangible un peu avant mais cela s'est amplifié et s'est accéléré ces derniers mois. Les tags, les affiches sauvages, les panneaux de signalisation abîmés, les ordures dans le caniveau, les chaussées défoncées... J'avais fini par m'habituer, jusqu'au jour où j'ai pris conscience de l'ampleur de la dégradation de notre ville», explique au quotidien local ce «cadre dans le privé» d'une cinquantaine d'années, qui dit n'être «encarté dans aucun parti».
Selon lui, la goutte d'eau pourrait avoir été le tronçonnage le 18 mars d'une glycine centenaire de la butte Montmartre, dans le XVIIIe arrondissement, une affaire qui a ému les habitants du quartier. «C'est un symbole», déplore le créateur du mot-dièse, à propos de cet arbre que la mairie estimait en passe de mourir. «Une glycine fleurit évidemment au printemps. Et, oui, ses branches paraissent mortes en hiver… Comment a-t-on pu penser qu'elle était morte ?», s'était désolé dans Le Parisien Emile Meunier, élu EELV de l'arrondissement. «Outre les problèmes de propreté et de salubrité, il y a aussi les atteintes au patrimoine», a ainsi développé le créateur de #saccageparis.
En dépit de cette vague de messages indignés sur les réseaux sociaux, le premier adjoint d'Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire, a préféré twitter le 1er avril – alors que les images s'accumulaient en mettant en cause la mairie – une photo du centre de la capitale vantant les «charmes» de Paris. Comme si de rien n'était.