France

Bagneux : des policiers agressés à la barre de fer, un membre de la BAC contraint de tirer en l'air

Des policiers, encerclés par une vingtaine de suspects armés de barres de fer, ont dû tirer en l'air pour s'extirper d'une situation dans laquelle un des fonctionnaires a fini à l'hôpital après une course-poursuite entre Cachan et Bagneux.

L'équipage de police d'une brigade anticriminalité du Val-de-Marne a été violemment pris a partie dans la soirée du 9 mars à Bagneux (Hauts-de-Seine) après une poursuite débutée à la suite d'un refus d'obtempérer dans la commune voisine de Cachan (Val-de-Marne).

Selon les informations, du Point, du Figaro et de Franceinfo qui évoquent des sources policières, quatre mis en cause ont été interpellés après ces violences auxquelles auraient participé une vingtaine de personnes armées de barre de fer et d'armes de poing, selon Le Figaro. Ces suspects auraient encerclé les fonctionnaires pour les attaquer.

La même source précise qu'un des policiers a dû tirer en l'air à quatre reprises avec son arme de service pour convaincre les suspects de se disperser.

La préfecture de police de Paris a assuré sur Twitter son soutien aux policiers et a déclaré sa «pensée particulière» pour le policier blessé qui a dû être transporté à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne).

Interrogé par RT France, l'ancien commandant de police et porte-parole de l'association de policiers en colère UPNI Jean-Pierre Colombiès a déploré l'état actuel des relations entre les forces de sécurité et les jeunes délinquants de quartiers sensibles : «Auparavant, il y avait de grandes images tutélaires auxquelles se rattacher, mais les seules références aujourd'hui pour ces gamins, ce sont les images de violence 2.0, c'est-à-dire le djihad pour certains et les violences urbaines pour les autres... Ils ne reconnaissent plus rien, donc on n'a plus aucune emprise sur eux.»

Et de dénoncer une longue détérioration politique qui a selon lui mené à la situation actuelle : «Il y a surtout cette crispation autour des effectifs des BAC. Nous payons aujourd'hui les choix faits par Nicolas Sarkozy lorsqu'il était à Beauvau en 2002 et 2003. On a supprimé une police de proximité qui coûtait trop cher aux yeux du ministre et on a mis de la BAC à la place, qui avait pour objectif de faire du chiffre sur la délinquance, sur les shiteux [trafiquants de stupéfiants]... Les baqueux [membres de la BAC] sont devenus le fer de lance de cette politique, les chasseurs de la police. Et évidemment, on a sacrifié le rapport police/population au nom du dieu statistique. Presque 20 ans plus tard, on voit bien le revers de la médaille. Au passage, tout cela s'est également fait au détriment du judiciaire, qui était à mon sens le cœur du métier et qu'on a mis sous le boisseau parce qu'il fallait nourrir la bête immonde du chiffre ! Résultat :  pour beaucoup de monde, le flic est devenu l'ennemi dans ces cités où les fonctionnaires pouvaient encore entrer à une certaine époque...»

La proximité perdue et le couvre-feu qui échauffe les esprits

Une source policière a confirmé à RT France l'usage de l'arme par le fonctionnaire et a précisé : «Les collègues étaient encerclés, avec des armes face à eux... il ne faudra pas s'étonner le jour où les tirs ne partiront plus à la verticale mais à l'horizontale ! Hier, cela aurait été de l'ordre de la légitime défense.»

Le policier interrogé a également souligné l'importance de la relation de proximité entre forces et délinquance locale : «Si ça avait été des collègues du secteur [Bagneux, Hauts-de-Seine] et pas la BAC territoriale du Val-de-Marne, les suspects n'auraient sûrement pas osé se comporter de cette façon, parce qu'ils auraient su que les policiers les auraient détronchés [identifiés]. Quand on parle de l'envoi de renforts occasionnels dans des secteurs où des violences ont été commises, il faut aussi garder cet aspect à l'esprit : si les délinquants ne reconnaissent pas les fonctionnaires, ils se croient tout permis. Finalement, c'est la proximité qui fait la force de la loi.»

Enfin, le fonctionnaire souligne le rôle du couvre-feu dans la situation actuelle : «On les sent tendus les jeunes en ce moment, dans l'après-midi et on a de plus en plus de mineurs en garde à vue, parfois, c'est même les trois quarts des gardés à vue ! On constate de plus en plus de refus d'obtempérer dans l'après-midi en ce moment lorsqu'on approche de 18h.»

Antoine Boitel