La ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa a qualifié le 8 mars d'«affligeants» les propos du président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët. Interrogé le 3 mars sur RMC à propos des tensions entre la sélectionneuse Corinne Diacre et certaines joueuses de l'équipe de France, celui-ci avait estimé que la sélection n'ayant «pas perdu un match» depuis le Mondial 2019, «elles peuvent se tirer les cheveux, ça m'est égal».
«C’est navrant, c’est ce qu’on appelle du sexisme ordinaire», a commenté Marlène Schiappa sur RMC. «Quand deux femmes ont un débat ou sont en désaccord, on ne considère pas que c’est un désaccord ou un débat», a encore pesté le membre du gouvernement. «Mais on considère qu’elles se crêpent le chignon ou qu’elles se tirent les cheveux. [...] Ce sont des propos d’un autre temps, et je les déplore. D’autant que les footballeuses françaises ont un niveau important comme celui dans d’autres pays d’Europe. Elles gagnent les matchs, et c’est important de le souligner. La deuxième partie de la phrase est plus glorieuse pour monsieur Le Graët que le début de sa phrase», a poursuivi la ministre.
Le président de la FFF, candidat à sa réélection le 13 mars prochain, a été critiqué pour ses propos par son concurrent Frédéric Thiriez, ancien président de la Ligue professionnelle de football, qui brigue son poste. «Cet homme ne maîtrise plus son langage, il est vraiment indigne de représenter le football», a réagi ce dernier auprès de l'AFP le 4 mars, qualifiant le dirigeant de 79 ans de «multirécidiviste» et rappelant une phrase controversée prononcée en septembre 2020, lorsque Noël Le Graët avait déclaré que le racisme dans le football n'existait «pas ou peu».
Ces paroles se fondent sur des stéréotypes sexistes
L'association Foot ensemble, qui lutte contre les discriminations, a publié une lettre ouverte pour dénoncer les propos du président sortant. «Si elles ne sont pas violemment insultantes, ces paroles se fondent sur des stéréotypes sexistes. En cela, elles nous semblent particulièrement malvenues et totalement paradoxales avec l'esprit des actions menées sur le terrain», souligne le texte.
Noël Le Graët a néanmoins été défendu par sa colistière Brigitte Henriques, vice-présidente de la FFF, pour qui «ça serait top si on pouvait parler du bilan, plus que de la forme qui, certes, peut évidemment interpeller». Auprès de l'AFP, la numéro deux de la Fédération a tenu à rappeler «tout ce qui a été fait pour les femmes» sous la présidence de Noël Le Graët, comme «le fait qu'on soit passé de 50 000 à 207 000 licenciées», et «que l'équipe de France soit passée de la neuvième à la troisième place» au classement mondial.