François Hollande a annoncé mercredi en Conseil des ministres qu'il recevrait «la semaine prochaine» les syndicats de la police et de la justice, a rapporté le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll. Les syndicats policiers appelaient en effet à manifester ce midi devant les fenêtres du ministère de la Justice, place Vendôme à Paris. Cette manifestation fait suite à la grave blessure d'un de leur collègue lors d'une fusillade en Seine-Saint-Denis entre la police et un détenu en cavale.
Une manifestation largement soutenue par l'opinion publique selon un sondage de BFMTV. 85% des sondés trouvent ainsi «justifiées» les critiques adressée à la Justice par les policiers.
Ce midi, Manuel Valls a pris la parole en compagnie de Bernard Cazeneuve et Christiane Taubira pour dire qu'il avait «entendu la colère des policiers, leur malaise. Etre policier, être gendarme, c'est vivre au plus près de la violence», a affirmé le Premier ministre. Manuel Valls a aussi rendu hommage au policier blessé en Seine-Saint-Denis la semaine dernière et à ces forces de l'ordre «qui exposent leur vie au quotidien», et qui sont la cible, parfois, de «comportements inacceptables». Le Premier ministre a toutefois mis en avant les moyens dégagés par le gouvernement depuis 2012 : «La sécurité et la justice ont été érigés en priorité. Des postes de policiers et de gendarmes ont été créés». Il admet toutefois que «les besoins sont grands».
Face à la colère des policiers contre la justice, Manuel Valls a annoncé une qu'une simplification de la procédure pénale devrait aussi voir le jour «dans les prochains mois». «La gestion de la garde à vue sera allégée. Il sera désormais autorisé de récapituler dans un procès-verbal unique de fin de garde à vue l'ensemble des formalités procédurales représentatives du droit», a indiqué le Premier ministre. Quant à la question des armes à feu, Manuel Valls a annoncé des peines «renforcées» pour les trafiquants d'armes lourdes.
Sur la question des sorties de détenus de prison, dénoncés par les policiers, Manuel Valls n'entend pas «bouleverser sous le coup de l'émotion» la politique pénale actuelle. Le gouvernement souhaite toutefois renforcer les conditions de sortie de prison occasionnelles. Un «décret» devrait être pris en ce sens très rapidement. Il rappelle toutefois «l'indépendance de la magistrature», et estime qu'il n'est pas question de «remettre en cause la justice pour la désigner comme bouc émissaire».
Ces diverses annonces faisaient suite au rassemblement de milliers policiers, aujourd'hui place Vendôme. Ils dénonçaient, en vrac, une «explosion des violences», un «manque de moyens», des «missions peu claires» et une «absence de réponses pénales», motifs de leur mobilisation. D'autres rassemblements étaient en cours mercredi midi à Ajaccio, Bastia ou encore Marseille, où quelque 250 policiers manifestaient devant le palais de justice.
En Conseil des ministres, le chef de l'Etat a souligné «le travail difficile, courageux et efficace des policiers et des gendarmes, de l'ensemble des forces de l'ordre», a également indiqué M. Le Foll.