France

Deux mois de prison avec sursis requis contre l'infirmière Farida C.

La procureure a requis le 22 février deux mois de prison avec sursis pour «violences» et «outrage» à l'encontre de l'infirmière Farida C, auteur de jets de projectiles contre les forces de l'ordre. Son avocat a demandé une relaxe intégrale.

Deux mois de prison avec sursis le 22 février ont été requis à l'encontre de l'infirmière Farida C, jugée pour avoir lancé des projectiles contre les forces de l'ordre lors d'une manifestation en soutien à des soignants éprouvés par la crise sanitaire. 

Les images de son interpellation musclée avaient fait le tour des réseaux sociaux et les chaînes de télévision. Ce jour-là, le 16 juin 2020, elle est interpellée, plaquée au sol par la police. Elle crie alors «s’il vous plaît, je veux ma ventoline s’il vous plaît. Je veux ma Ventoline !». Comme le racontait sa fille Imen Mellaz à RT France, elle était libérée le lendemain en attendant son jugement.

Mes mains ne blessent pas, elles soignent depuis 20 ans 

«Les conditions de travail sont difficiles, on peut comprendre ce qu'elle évoque en termes de frustration, de ras-le-bol, ce qui peut mener à commettre des actes dans lesquels on ne se reconnaît plus», a déclaré la procureure citée par l'AFP, lors de l'audience qui s'est tenue au tribunal de Paris.

«Malheureusement ce qu'elle subit, elle a fini par le faire subir aux autres, en l'occurrence le policier qui se retrouve à devoir essuyer des jets de pierre, des doigts d'honneur», a en ajouté la magistrate, avant de requérir deux mois de prison avec sursis pour «violences» et «outrage» et la relaxe concernant les faits de «rébellion» et d'«injures». 

«C'était une réaction surdimensionnée qui n'était pas réfléchie», a regretté Farida C à la barre avant de  justifier : «On était à trois mois du [début de la pandémie de] Covid-19, j'étais exténuée, ce n'est pas contre la police que j'avais jeté le bitume, c'était symbolique». Et à la fonctionnaire d'ajouter : «Mes mains ne blessent pas, elles soignent depuis 20 ans [...] je ne le referai pas.»

L’avocat de Farida C, Arié Alimi, a demandé une relaxe intégrale pour sa cliente. «Quelques bouts de bitume envoyés en l’air ne méritent pas de la prison avec sursis, parce que c’est infamant. Cela mérite une dispense de peine», a-t-il plaidé.

De nombreux soutiens de l'infirmière avaient fait le déplacement pour ce procès. En raison de la forte affluence, le tribunal a opté pour une salle d'audience plus vaste, afin de garantir un strict respect des règles sanitaires. A l'extérieur du palais de justice, quelques dizaines de personnes s'étaient rassemblées en début de matinée à l'appel de la CGT et de Solidaires pour réclamer la «totale relaxe» de l'infirmière. La décision est attendue le 3 mai prochain.