Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin poursuit sa stratégie de séduction des électeurs du Rassemblement national, et cela de manière décomplexée. Interrogé le 16 février sur RTL, l'ancien maire de Tourcoing a affirmé, en employant l'ancien nom du Rassemblement national : «Je souhaite que les électeurs du Front national votent pour nous».
Gérald Darmanin est notamment revenu sur son débat avec la présidente du RN Marine Le Pen qui s'est déroulé le 11 février sur France 2, au cours duquel il lui avait reproché de quasiment être «dans la mollesse» vis-à-vis de l'islamisme. Sur RTL, le ministre a accusé : «Elle n’est pas bonne [...] elle ne connaît pas ses chiffres [...] elle ne connaît pas ses dossiers». Il a en outre accusé l'opposante d'être «nulle pour organiser le pouvoir dans le pays».
Selon lui, ce débat avait pour but de ramener les électeurs de Marine Le Pen vers des «gouvernements républicains, qui peuvent répondre fermement, dans un état de droit, à leurs questions». «Je souhaite que les électeurs du Front national votent pour nous. Je souhaite qu’ils comprennent que nous pouvons répondre à leur colère. Je souhaite montrer que Marine Le Pen, en fait, elle vit des problèmes, elle ne veut pas les résoudre, car quand il n’y a plus de problèmes il n’y a plus de Front national», a-t-il développé.
L’argument moral contre le Front national ne suffit pas
Au sein de la majorité, les propos de Gérald Darmanin sur la «mollesse» de Marine Le Pen ont créé une gêne, certains cadres estimant que le ministre risquait de faire fuir les électeurs de gauche en vue de la présidentielle 2022. «Je n'aurais pas utilisé ce terme», a assuré sur Europe 1 l'eurodéputé Stéphane Séjourné, tandis que le délégué général de LREM Stanislas Guérini a assuré sur France Info que Darmanin avait «voulu dire» que Marine Le Pen était «floue».
Le ministre de l'Intérieur a décidé le 16 février sur RTL de balayer toute ambiguïté, expliquant : «Ce qui est sûr c’est que l’argument moral contre le Front national ne suffit pas. Des millions de gens votent pour Marine Le Pen, elle est au second tour de la présidentielle comme son père la première fois que j’ai voté, ça fait désormais 20 ans. Qu’est-ce qu’on va dire ? Simplement que Marine Le Pen n’est pas gentille ? C’est vrai qu’elle n’est pas gentille, c’est vrai que c’est une ennemie de la République, mais ça ne suffit pas».