France

Journalistes «entravés» à Calais : le SNJ saisit le Défenseur des droits

Le Syndicat national des journalistes demande au Défenseur des droits de se pencher sur l'éloignement de deux journalistes venus couvrir des évacuations de camps de migrants dans le Nord et le Pas-de-Calais les 29 et 30 décembre 2020.

Le Défenseur des droits a été saisi par le Syndicat national des journalistes (SNJ) afin de s’emparer du cas de deux journalistes empêchés d’accéder à des évacuations de camps de migrants. Ils dénoncent une entrave à la liberté d’informer, rapporte l’AFP le 15 février.

Les 29 et 30 décembre 2020, les deux journalistes à l’origine de la saisine ont été empêchés d'entrer dans les périmètres de sécurité de camps de migrants à Grande-Synthe, Calais et Coquelles (Nord et Pas-de-Calais) à cinq reprises, lors d’opérations d’évacuation.

Déboutés par le Tribunal administratif de Lille

Ils avaient tenté une procédure de référé-liberté auprès du tribunal administratif de Lille pour obtenir l'accès à ces opérations, avec le soutien du SNJ, mais ils ont été déboutés début janvier, le tribunal ayant estimé que leur demande n'avait pas de caractère d'urgence car ces évacuations étaient «terminées». 

L’une des questions soulevées par les avocats du SNJ, William Bourdon et Vincent Brengarth, n’a néanmoins pas été tranchée par la juridiction. Elle concerne les conditions de tracé des périmètres de sécurité au sein desquels les journalistes sont exclus par les juridictions administratives. C’est pourquoi, les avocats demandent dans un courrier au Défenseur des droits de clarifier ce point.

«Aucune raison ne nous semble justifier l'exclusion des journalistes des périmètres de sécurité, en ce qu'ils exercent un droit démocratique fondamental, plus encore dans des zones où les droits des réfugiés sont totalement bafoués», affirment-ils déplorant dans la foulée «une incertitude totale qui plane» autour du travail journalistique sur les terrains d’évacuations de camps de migrants. Vincent Brengarth précise à l’AFP que l’élaboration de ces périmètres est laissée «à la discrétion de la police, sans qu'on en sache les critères».

Le SNJ s’inquiète d’un «rétrécissement considérable de la liberté d’informer». En cause : les enjeux liés à la demande déposée devant le Défenseur des droits, mais aussi les craintes liées à la loi Sécurité globale qui, si elle entrait en vigueur, pénaliserait la diffusion «malveillante» d’images de policiers.