Les deux enseignants du collège Lucie Aubrac de Givors, qui ont entamé une grève de la faim le 25 janvier, la poursuivent afin de revendiquer un classement en REP+ (Réseau d'éducation prioritaire, qui concerne les quartiers ou secteurs isolés subissant les plus grandes concentrations de difficultés) et une hausse de leurs moyens. Leur action intervient après plusieurs agressions qui ont visé des professeurs.
Pierre, enseignant en histoire et géographie, raconte à RT France : «Des épisodes de violence, on en a toujours connu, mais ça restait très très exceptionnel et ça n’avait jamais la proportion que ça a pris il y a une quinzaine de jours». Il précise que «les problèmes étaient là avant, c’est-à-dire que notre mouvement n’est pas en réaction à cette violence», mais plus largement à une situation qui «devenait dramatique».
Pour sa collègue Leïla, professeur d’arts plastiques, la grève de la faim est «la seule voie qu’on ait pu trouver» pour se faire entendre. «Depuis 2015, nous avons besoin de moyens dans cet établissement. Depuis 2015, on nous dit de patienter. On nous avait dit en 2019 qu’on aurait les moyens», une promesse sans effet suite à un «changement de gouvernement», ajoute-t-elle. «Que fait-on avec nos élèves ? Comment pouvons-nous travailler de manière optimale avec tous ces jeunes ?»
Une première hausse des moyens et une dotation globale ajustée des ressources n’ont pas suffi à faire cesser la grève de la faim. Les autres professeurs et la direction du collège ont apporté leur soutien à Leïla et Pierre en créant le collectif Lucie Aubrac. Ils demandent une audience auprès de Jean-Michel Blanquer.
Un élève de 13 ans lance une paire de ciseaux sur une professeur d'espagnol
Une accumulation d'agressions a mené les deux enseignants à cette grève de la faim. Comme le raconte Marianne, un élève de 13 ans a lancé une paire de ciseaux sur une professeur d'espagnol le 22 janvier (sans l'atteindre), après une remarque sur l'oubli d'un livret. «Nous avons besoin de vous aujourd'hui, nous avons besoin de votre soutien. Nous demandons le REP+ […] Il nous faut du temps, il nous faut des moyens afin que les familles construisent avec nous, avec les élèves un projet pédagogique viable», expliquait Leïla à France 3.
L'Académie a réagi en annonçant la création d'un demi-poste supplémentaire de CPE (portant l'effectif à deux CPE dans l'établissement), ainsi que d'un poste d'assistant d'éducation jusqu'en juin. «Ce n'est pas suffisant, on continue la mobilisation», a répondu le 26 janvier Gaëlle Devin, porte-parole des enseignants du collège. Auprès de Marianne, les deux enseignants en grève de la faim assuraient encore le 1er février qu'ils iraient «jusqu'au bout de leur combat».