Après avoir appelé ses collègues à rouvrir le 1er février leurs établissements malgré les interdictions sanitaires en guise de protestation, le restaurateur du Doubs Stéphane Turillon a finalement renoncé à faire de même avec le sien, après la promesse de lourdes sanctions contre les contrevenants.
«Je n'ai pas le droit de travailler, je n'ai pas le droit d'être libre»
«On ne rouvre pas, parce que je risque d'aller en prison, de perdre mes indemnités» et «même de fermer définitivement», a expliqué le patron de la Source bleue, à Cusance, au nord-est de Besançon. «Il faut reprendre ses droits, que les politiques changent», a-t-il ajouté au micro de l'agence vidéo Ruptly. Estimant la devise française «bafouée», il a poursuivi : «Je n'ai pas le droit de travailler, je n'ai pas le droit d'être libre, ce n'est pas équitable.»
Stéphane Turillon a finalement accueilli une centaine de clients masqués, debout sous des tentes installées près de son restaurant où il leur a servi des plats à emporter, ce qui est légal. «Il n'y a pas d'infraction relevée», a confirmé à l'AFP le directeur de cabinet du préfet du Doubs, présent sur place. Le patron frondeur a d'ailleurs «remercié la gendarmerie du Doubs pour la prévention».
Le restaurateur a mené une autre action «symbolique», selon ses termes. En tête d'un cortège d'environ 250 personnes, selon la préfecture, Stéphane Turillon s'est rendu au cimetière de la commune pour déposer son tablier et un drapeau français en hommage aux «artisans de France» contraints à la fermeture en raison des mesures sanitaires.
Les menaces du gouvernement
Le Premier ministre Jean Castex a déjà annoncé que la réouverture des bars et restaurants ne se ferait pas avant mi-février au plus tôt. Le 1er février, avant le renoncement du restaurateur du Doubs à braver les consignes, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait menacé sur RTL les établissements clandestins qui enfreindraient les règles en servant des clients à table de suspendre leur accès au fonds de solidarité «pendant un mois», puis définitivement en cas de récidive.
Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, avait évoqué sur France Info une «très petite minorité des restaurateurs qui décideraient d'ouvrir alors même qu'ils sont fermés administrativement».