France

Les homicides et tentatives de meurtre en hausse de 91% depuis 2000, selon Alain Bauer

Le criminologue Alain Bauer a recensé 4 472 homicides et tentatives de meurtre en 2020, contre 2 338 20 ans plus tôt, en se basant sur un indicateur qu'il a élaboré pour mieux rendre compte d'un «profond mouvement de retour de la violence physique».

Face à un nombre d'homicides et de tentatives de meurtre en France qu'il juge sous-estimé de la part du ministère de l'Intérieur, le criminologue Alain Bauer a décidé de créer un «indicateur plus complet» appelé «homicidité», qu'il a détaillé auprès du Figaro.

Cet agrégat recoupe l'ensemble des «règlements de comptes entre malfaiteurs», «homicides à l’occasion de vol», «autres homicides», «tentatives d’homicides à l’occasion de vols», «autres tentatives d’homicides», «coups et blessures volontaires suivis de mort» et «homicides contre enfants de moins de 15 ans».

«Un profond mouvement de retour de la violence physique» ?

Selon cet indicateur (dont les chiffres sont largement supérieurs à ceux communiqués par l'Intérieur), le nombre de meurtres et de tentatives de meurtre aurait augmenté de 91% entre 2000 et 2020, passant de 2 338 à 4 472 l'année dernière. «Un profond mouvement de retour de la violence physique est en train de se produire, particulièrement en Occident. Il est ignoré ou sous-estimé», explique-t-il au Figaro.

Cette augmentation est fluctuante : elle est particulièrement marquée depuis 2011, et surtout 2015, du fait des attentats islamistes qui ont frappé le pays cette année-là. Sans que les statistiques ne baissent par la suite, d'après les données présentées par Alain Bauer. «On aurait pu s’attendre à ce que les chiffres redescendent après les attentats de Paris puis de Nice mais le nombre des victimes n’a fait qu’augmenter», commente Alain Bauer.

Auparavant, c'est dans les années 1970 que la hausse avait été la plus brutale, toujours selon l'indicateur du criminologue. De 1972 à 1983, le nombre de faits recensés serait passé de 2 093 à 3 183, soit 52 % d’augmentation. Avant une stagnation dans les années 1980 et 1990, puis un nouveau bond au XXIe siècle.

Les chiffres du ministère de l'Intérieur, qui ne prennent en compte que les homicides (et n'incluent pas les tentatives contrairement à l'indicateur alternatif d'Alain Bauer), sont nettement moins spectaculaires : 863 homicides ont été enregistrés en 2020, 880 en 2019 et 845 en 2018. Selon la place Beauvau, cet indicateur s'établissait en moyenne à 1 600 par an à la fin des années 1990.