France

«On est en train de mourir !» : l'opération «théâtres ouverts» lance un appel pour la réouverture

Une quarantaine de théâtres en France ont répondu à l'appel de Laurent Rochut, directeur de la Factory afin de réaliser l'opération «théâtres ouverts». L'objectif de l'opération était d'appeler à la réouverture de ces lieux de culture.

«On était prêts, le public était là, et rien ne se passe», déclare avec tristesse l'actrice Alice Benoît. En pleine crise sanitaire, l'opération symbolique «théâtres ouverts» qui devait se tenir dans le théâtre où elle devait se produire a été interrompue par la police comme a pu le constater une journaliste de l'AFP.

Cela aurait dû être «une rencontre, un moment d'émotion entre un très beau spectacle et le public», après des mois de fermeture à cause de la crise sanitaire due au Covid-19, selon les mots de Laurent Rochut, directeur artistique de la Factory, réseau de lieux dédiés à la pratique et à la représentation des arts vivants à Avignon (Vaucluse). 

C'est à son appel qu'une quarantaine de théâtres en France, dont neuf à Avignon, devaient participer ce 30 janvier à la manifestation qui consistait, pendant une heure seulement, à ouvrir les portes des salles aux spectateurs pour leur permettre d'assister à de courtes représentations.

Toutes ces compagnies qui ne se relèveront pas, qui vont mourir 

Malgré une pluie battante, dans la petite rue du théâtre de L'Oulle, plusieurs dizaines de personnes, détrempées mais joyeuses, attendaient l'ouverture des portes. Mais rapidement, comme a pu le constater l'AFP, cinq policiers sont venus se poster à l'entrée du théâtre. «On ne se faisait pas trop d'illusions», admet Laurent Rochut, qui estime que «c'était un jeu du chat et de la souris entre les autorités et nous, à partir du moment où nous avons médiatisé l'événement».

Des compagnies en danger «qui ne se relèveront pas»

Laurent Rochut alerte sur «une extinction de masse» de «toutes ces compagnies qui ne se relèveront pas, qui vont mourir car le système avec lequel le gouvernement les soutient n'est pas adapté à la situation».

«La plupart ne vont pas rejouer avant l'été (...) il faut que le gouvernement change sa façon d'indemniser les compagnies, sur la base des contrats qu'elles ont signés et qui ont été annulés», demande-t-il.

Leïla Chaibi, députée européenne de La France insoumise était aussi présente pour soutenir l'opération et cite Laurent Rochut : «On est en train de mourir, aujourd'hui on lance un cri de détresse !»

Dans d'autres endroits en France, les artistes ont fait entendre leurs voix concernant les difficultés de leur métier face à la crise sanitaire. C'est ainsi que dans la ville de Châtel-Guyon (Auvergne), ils étaient plusieurs dizaines à répondre à l'appel. 

Plus tôt dans la journée, Laurent Rochut s'exprimait au micro de France Culture pour y exprimer son inquiétude concernant l'avenir du secteur : «Aujourd'hui, il y a un traitement à deux vitesses des compagnies. Il y a celles qui sont lourdement subventionnées, qui disposent de budgets constants et maintenus, et qui peuvent être dans ce confort de susciter le désir et de retrouver le désir de la création.» 

Le 16 janvier déjà, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté devant le Palais des papes d'Avignon pour demander la réouverture des lieux culturels.

Le prochain Festival international de théâtre d'Avignon devrait avoir lieu du 5 au 25 juillet. Capitale des arts dramatiques chaque mois de juillet, la Cité des papes avait été privée en 2020 de ses 150 000 visiteurs en raison de l'épidémie de Covid-19. A la place, le Festival s'était réinventé en "semaine d'art" fin octobre, qui avait elle-même dû être écourtée en raison du deuxième confinement.