Emmanuel Macron «pour l'ensemble de son œuvre» et Barbara Pompili pour la réautorisation des néonicotinoïdes : Greenpeace a décerné le 26 janvier ses premiers Boulets du climat lors d'une cérémonie parodique devant l'Assemblée nationale.
«Barbara Pompili, la tueuse d'abeille»
L'ONG avait appelé début décembre à départager dix responsables de la majorité identifiés comme des «spécialistes de la poudre aux yeux» en matière d'action climatique, cinq dans la catégorie ministre et cinq dans la catégorie parlementaire.
«Dans la catégorie ministre, le prix des Boulets du climat 2020 est décerné à Barbara Pompili, la tueuse d'abeille», a lancé le maître de cérémonie en smoking juché sur un camion-sono sur la place du palais Bourbon.
«Quelque part, on attend plus de Barbara Pompili [...] La déception est d'autant plus grande», s'est désolé auprès de l'AFP le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard, en décryptant les résultats de cette consultation qui a placé la ministre de la Transition écologique devant Bruno Le Maire, «le fossile de Bercy», et Jean-Baptiste Djebarri, «le pilote du crash climatique».
Macron récompensé par un «prix spécial du jury»
Alors que, selon l'ONG, environ 30 000 personnes ont pris part à la consultation en ligne, un «prix spécial du jury», hors vote, a été attribué au président de la République «pour l'ensemble de son œuvre», sous une pluie de confettis lancés sur les quelques dizaines de militants assistant à la cérémonie.
«Il n'a cessé depuis depuis son élection de se positionner en champion du climat, en défenseur de la planète [...], et malheureusement on constate un décalage extrêmement fort entre le discours et les actes», a commenté Jean-François Julliard.
Plainte de l'Assemblée nationale
Alors qu'un duo de grimpeurs a escaladé des colonnes du porche d'entrée pour déployer une banderole à l'effigie des gagnants, l'Assemblée nationale va porter plainte pour dégradation, a appris l'AFP de source parlementaire.
Le député des Bouches-du-Rhône Mohamed Laqhila, qualifié de «VRP de l'huile de palme», a quant à lui reçu le prix dans la catégorie parlementaire pour «son lobbying en faveur de Total» lors de sa tentative de repousser la suppression de la niche fiscale sur les agrocarburants à base d'huile de palme.
«Les trois lauréats plébiscités par le public ont en commun de faire passer l’agenda des lobbies industriels avant l'impératif climatique», a déclaré Clément Sénéchal, chargé de campagne Climat de Greenpeace. «Nous ne pourrons pas faire face à la crise climatique avec de tels "boulets" aux pieds».