France

Police : le conseil de discipline refuse de sanctionner Langlois et renvoie la balle à Darmanin

«Rebelote on retourne au ministre», résume le syndicaliste Alexandre Langlois. Inquiété pour des propos tenus dans le cadre de son activité syndicale en 2020, le policier n'est toujours pas fixé sur son sort à l'issue d'un conseil de discipline.

Convoqué à un conseil disciplinaire à la préfecture de police de Paris ce 20 janvier, le secrétaire général du syndicat de police VIGI-MI Alexandre Langlois n'est toujours pas fixé sur son sort à l'issu de celui-ci : les membres du conseil n'ont pas proposé de sanction à son encontre et ont préféré renvoyer le ministère de l'Intérieur à ses responsabilités. Il reviendra donc à Gérald Darmanin de se prononcer sur l'affaire.

Le policier militant se retrouve finalement dans le même cas de figure qu'en février 2019, lorsqu'il avait déjà été convoqué à un autre conseil de discipline et que le ministre d'alors, Christophe Castaner, avait choisi de le sanctionner d'un an de suspension dont six mois ferme.

Cette fois, il est reproché à Alexandre Langlois d'avoir souligné dans le cadre de ses activités syndicales qu'au cours du passage d'Eric Morvan à la Direction générale de la police nationale, 114 policiers étaient morts par suicide.

Le secrétaire général de VIGI-MI avait relevé ce chiffre alors que le patron de la police nationale avait annoncé en janvier 2020 qu'il allait prendre sa retraite de façon anticipée sans même «bénéficier de la belle réforme qu'il nous avait pourtant tellement vantée», comme le rappelait Alexandre Langlois à RT France le 19 janvier.

Le comparse syndical de Langlois, Noam Anouar, délégué VIGI-MI, a fait savoir sur place au reporter de RT France Charles Baudry qu'il ne voyait pas cela «comme une victoire», mais qu'il saluait «le geste de solidarité» des membres de la commission du conseil qui appartiennent à d'autres organisations syndicales que la leur.

Interrogé par RT France, Alexandre Langlois lui-même a expliqué : «Le conseil de discipline ne se prononce pas [...] Soit la parité syndicale restait dans la salle [c'est ce qu'ils ont choisi] et se déclarait incompétente pour juger un syndicaliste pour sa production syndicale, soit ils quittaient la salle, mais à ce moment-là, le quorum était atteint car il se calcule en début du conseil de discipline. Pour éviter ce petit désagrément que l'administration puisse dire que j'étais condamné à l'unanimité, ils ont choisi de rester et je pense que c'était la meilleure formule, aussi bien pour la liberté d'expression syndicale que pour moi. Maintenant, ça va être renvoyé au ministre, parce que le conseil de discipline ne rend qu'un avis. [...] Rebelote on retourne au ministre qui va prendre sa décision.»

Concernant les faits pour lesquels il est inquiété dans le cadre de cette procédure disciplinaire pouvant aller jusqu'à la révocation, Alexandre Langlois nous avait confié le 19 janvier : «Notre sujet c'est la lutte contre le suicide des policiers et la liberté d'expression. [...] Des policiers sont morts en janvier 2015 en protégeant Charlie Hebdo, mais aujourd'hui, le ministère de l'Intérieur n'a plus l'air très Charlie puisque la liberté d'expression n'est même pas possible dans la maison».

Antoine Boitel