Mis face à son passé sur Europe 1 au sujet d'une tribune publiée dans Le Monde qu'il a co-signée en 1977 contre la criminalisation des rapports sexuels avec les adolescents, l'ancien ministre de la Culture de François Mitterrand Jack Lang a exprimé ses regrets le 18 janvier, évoquant «une sorte de vision libertaire fautive» post-mai 68.
«C'est une connerie [...] On était très nombreux à l'époque à signer ça [...] c'était une série d'intellectuels, c'était l'après-68», a recontextualisé l'ancien ministre avant de concéder : «Et nous étions portés par une sorte de vision libertaire fautive». Relancé sur la question, Jack Lang a qualifié cette tribune de «connerie inacceptable».
Selon lui, à l'époque, ces intellectuels n'étaient pas «les seuls à dire cela», des spécialistes de la jeunesse avaient eux aussi ouvert ce débat.
Une pétition au sujet des capacités de discernement des mineurs
Comme l'a rappelé la journaliste Sonia Mabrouk, le texte de la pétition estimait que «la loi française se contredit lorsqu'elle reconnaît une capacité de discernement à un mineur de 13 ou 14 ans, qu'elle peut juger et condamner, alors qu'elle lui refuse cette capacité lorsqu'il s'agit de sa vie affective et sexuelle». Cette tribune, dont la paternité a été revendiquée par l'écrivain Gabriel Matzneff, a refait surface après le scandale suscité par la publication du livre Le consentement de Vanessa Springora début 2020.
Aujourd'hui, nous sommes en lutte les uns et les autres contre l'inceste, la pédophilie, les atteintes aux mineurs
Relancé une nouvelle fois, Jack Lang rappelé qu'il combattait l'inceste, la pédophile et les violences sexuelles en permanence. Il a aussi rappelé son engagement contre les violences faites aux femmes, notamment par son livre Demain les femmes, et a rappelé qu'il avait appelé à ce que le viol soit «considéré comme un crime».
«Aujourd'hui, nous sommes en lutte les uns et les autres contre l'inceste, la pédophilie, les atteintes aux mineurs [...] Il se fait qu'un jour, il y a cinquante ans ou soixante ans, nous sommes une cinquantaine d'intellectuels à avoir écrit une connerie. Que dois-je faire ? M’immoler devant vous ? Je ne peux rien dire de plus, on a fait une connerie, et basta, voilà», a-t-il balayé, manifestement agacé par l'insistance de son l'interlocutrice.
Interrogé au sujet des accusations d'inceste visant Olivier Duhamel, l'ancien ministre socialiste a fait part de son dégoût : «C’est une honte ce qui a été accompli par Olivier Duhamel, il n’y a pas de mot pour designer l’inceste, la pédophilie». Et au juriste de déclarer qu'il avait découvert ces accusations en même temps que le grand public : «Je ne fréquente pas ces milieux, je vis en dehors de tout ça […] Je ne participe pas à des mondanités qui me sont totalement étrangères», a-t-il déclaré, arguant de ses responsabilités professionnelles, notamment à la tête de l'Institut du monde arabe.