Ainsi que l'a rapporté l'AFP le 13 janvier, la section CFDT d'Essity – une entreprise suédoise spécialisée dans la fabrication de produits d'hygiène et qui compte environ 2 500 employés en France – a vertement fustigé la direction après que celle-ci a proposé un équipement spécifiquement destiné à ses salariés basés en Europe qui viserait à les protéger contre la propagation du Covid-19 sur leur lieu de travail.
«Un système comparable à celui qui dissuade les chiens d'aboyer», selon la CFDT
En substance, le groupe suédois a proposé de doter ses effectifs d'un boîtier qui sonnerait en cas de rapprochement physique trop important. «Un boîtier porté à la taille ou autour du cou», selon le journal Le Monde.
«C'est un système comparable à celui qui dissuade les chiens d'aboyer [...] C'est complètement anxiogène, ça infantilise les salariés», a dénoncé le syndicat dans un communiqué cité par l'AFP.
D'après la CFDT, ces colliers émettraient un son de 85 décibels dès que la distanciation sociale ne serait plus respectée. «L'idée, c'est de discipliner les salariés et de les rappeler à l'ordre», dénonce Christine Duguet, déléguée syndicale CFDT qui affirme qu'il n'y a eu aucune contamination entre les salariés chez Essity.
Et la syndicaliste de dénoncer «une atteinte aux libertés individuelles» dont les salariés ne voudraient pas. «[Ces boîtiers] vont finir dans les poubelles ou rester dans les casiers, c'est n'importe quoi», a-t-elle prévenu.
La direction du groupe, qui produit sous diverses marques serviettes et mouchoirs en papier, serviettes hygiéniques, couches ou cotons démaquillants, s'est pour sa part défendue en invoquant son souhait de «renforcer la sécurité des collaborateurs».
«Ce dispositif ne comporte pas de système de géolocalisation et n'est pas relié à des informations personnelles», a précisé la firme, selon qui le dispositif serait inactif dans les sanitaires, au restaurant d'entreprise ou encore à l'infirmerie.
«Avec ce système, le référent Covid du site aurait la possibilité d'alerter des cas contacts potentiels de manière plus rapide et exhaustive», a fait savoir Essity : «Les modalités de fonctionnement seraient à déterminer avec les instances représentatives du personnel [...] des discussions sont en cours pour la mise en place de ce dispositif dans plusieurs sites européens du groupe», a encore avancé l'entreprise suédoise.
«Nous on pense que derrière, après le Covid, on pourrait continuer à utiliser ce système pour la sécurité, on craint que ça finisse mal», s'est inquiétée la syndicaliste CFDT, faisant état de salariés déjà fatigués par la crise sanitaire et outrés par cette nouvelle mesure.
Un comité social et économique (CSE) doit se réunir la semaine prochaine lors duquel la direction doit préciser son projet, selon la CFDT.