France

Antisémitisme : le livreur Deliveroo sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français

Le livreur Deliveroo accusé par deux restaurateurs d'avoir refusé de servir des personnes juives a été condamné à quatre mois de prison ferme. De nationalité algérienne, il fait également l'objet d'une obligation de quitter le territoire français.

Ce 14 janvier, le tribunal correctionnel de Strasbourg a condamné à quatre mois de prison ferme le jeune livreur Deliveroo, accusé par deux restaurateurs d'antisémitisme pour avoir refusé de livrer des personnes de confession juive. A son côté, comparaissait également un autre livreur qui lui a prêté son compte Deliveroo et le matériel pour effectuer les livraisons. Les deux restaurateurs, le consistoire israélite du Bas-Rhin et le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme ont porté plainte dans cette affaire.

Deux sources proches du dossier, contactées par RT France ont confirmé l'information selon laquelle le prévenu principal dans cette affaire était de nationalité algérienne et qu'il faisait également l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Il était âgé de 19 ans, selon l'AFP.

Deliveroo n'a pas du tout collaboré au début, ils ont assuré aux restaurateurs que le livreur s'appelait Jésus

Le député Meyer Habib a déclaré sur Twitter : «Le livreur Deliveroo qui refuse de livrer des juifs arrêté et jugé demain en comparution immédiate. Son nom: Dhia Eddine D. Algérien ! Sans papier et antisémite ! On attend la sanction !»

Contacté par RT France, Sammy Ghozlan, président du BNVCA, a alerté au téléphone : «Nous avons plein de gens qui nous appellent en ce moment parce qu'ils s'inquiètent de ce que la nourriture livrée à certains patronymes pourrait être rendue toxique. Mais surtout, ce que je voudrais souligner, c'est que Deliveroo ne peut pas s'en sortir comme ça. Il faut que le donneur d'ordres soit poursuivi pour ces pratiques, sa responsabilité est essentielle. Ils travaillent avec n'importe qui et on ne sait pas où vont les informations qui sont récoltées pour les livraisons. Nous avons déjà saisi le ministère de l'Intérieur et nous allons saisir la Cnil à cet égard également.»

«La justice doit pouvoir investiguer sur cette nébuleuse», demande l'avocat des plaignants

L'avocat Raphaël Nisand qui représente plusieurs plaignants dans cette affaire déplore : «Deliveroo n'a pas du tout collaboré au début, ils ont assuré aux restaurateurs que le livreur s'appelait Jésus et qu'ils allaient prévenir ses "supérieurs". Alors la justice ferme le ban avec ces deux lampistes qui vont comparaître aujourd'hui, l'affaire est réglé la grande multinationale va continuer comme si de rien n'était ? Sûrement pas ! Il faut qu'ils répondent devant la justice et cette dernière doit pouvoir investiguer sur cette nébuleuse.»

Deux plaintes de restaurateurs avaient été déposées par des restaurateurs strasbourgeois de cuisine casher le 7 janvier et l'avocat avait expliqué à l'AFP : «C'est un peu la même scène qui est décrite par les restaurateurs : ils préparent la commande et le livreur demande : "C'est quoi votre spécialité ?" Le restaurateur répond: "Ce sont des spécialités israéliennes", et le livreur dit alors : "Ah ben non, je ne livre pas aux juifs" et annule la livraison.»

Le 11 janvier, contacté par l'AFP, Deliveroo avait affirmé avoir pris contact avec les restaurateurs concernés. «Nous prenons cet incident très au sérieux et avons immédiatement décidé de mener notre propre enquête interne, pour tirer au clair ces circonstances», a réagi l'entreprise dans un message écrit avant d'ajouter : «Si les faits tels qu'ils sont rapportés sont avérés, nous agirons et mettrons définitivement fin au contrat du livreur responsable.» La plateforme de livraison a par ailleurs déclaré n'avoir «aucune tolérance pour les propos ou agissements antisémites, qui constituent un délit pénal, et [condamner] tout acte de cette nature avec la plus grande fermeté». L'enquête a été confiée à la Sûreté départementale.

L'ambassadeur d'Israël en France est venu à Strasbourg rencontrer l'un des deux restaurateurs concernés le 13 janvier.