France

Extraits bibliques étudiés en classe : un enseignant finalement blanchi après quatre ans de combat

Accusé anonymement en 2016 de prosélytisme religieux et sanctionné en 2017 de mutation disciplinaire par le rectorat d'Orléans-Tours, l'enseignant Mathieu Faucher a finalement été blanchi par la cour administrative d'appel de Bordeaux.

L'arrêt émis le 17 décembre 2020 par la cour administrative d'appel de Bordeaux (Gironde) a «annulé» la sanction prononcée par l'Education nationale en 2017 à l'encontre du professeur des écoles Mathieu Faucher, accusé de prosélytisme religieux.

Cette affaire me dépasse largement

Enseignant d'une classe de CM1-CM2 dans la ville de Malicornay (Indre), Mathieu Faucher a été accusé anonymement en 2016 de prosélytisme religieux après avoir travaillé avec ses élèves sur des extraits bibliques. Peu de temps après, le rectorat d'Orléans-Tours valide la sanction de mutation disciplinaire «voulue par la direction académique de l'époque», d'après le professeur des écoles cité par La Nouvelle République.

«Un livre qui est un pilier de notre civilisation», selon le professeur

En 2019, cette mésaventure locale prend une tournure de feuilleton judiciaire à l'échelle nationale. Portée devant le tribunal administratif de Limoges (Haute-Vienne) qui blanchit l'enseignant, l'affaire «se retrouve propulsée au cabinet du ministre de l'Education nationale qui dépose un recours» contre la décision de la première instance, d'après l'ancien professeur des écoles de Malicornay.

Il aura donc fallu attendre plus de trois ans pour que la justice française rende caduque la mutation disciplinaire qui lui avait été imposée par l'arrêté du 2 juin 2017. L'enseignant de primaire a également relayé à La Nouvelle République les motivations de la cour administrative d'appel de Bordeaux, à savoir que «[Mathieu] Faucher n'a à aucun moment manifesté une quelconque croyance religieuse dans l'exercice de ses fonctions d'enseignant. […] Les textes bibliques ont fait l'objet d'une mise en perspective ainsi que d'une mise en relation avec d'autres textes. Et ils ont servi d'ouverture pour aborder des thèmes en rapport avec le programme d'éducation morale et civique.»

Et d'ajouter : «La cour établit que mon enseignement s'inscrit parfaitement dans les programmes de l'école primaire. Là aussi, c'est un gros camouflet» pour l'académie et le rectorat d'Orléans-Tours.

Il aura fallu quatre ans et que la justice s'en mêle pour que, finalement, on reconnaisse que je n'avais commis aucune faute professionnelle.

«Cette affaire me dépasse largement […] J'ai été sanctionné pour avoir travaillé sur un livre qui est un pilier de notre civilisation, ça interroge. […] J'ai fait de la culture et non pas du catéchisme. Rien que de la culture. Et les élèves en sont demandeurs», a-t-il ensuite confié au quotidien régional. Et de poursuivre : «L'administration ne tourne pas rond. Il aura fallu quatre ans et que la justice s'en mêle pour que, finalement, on reconnaisse que je n'avais commis aucune faute professionnelle. Cela signifie qu'il y a eu un grave dysfonctionnement dans la hiérarchie.»