France

Le mystère du sous-marin disparu La Minerve enfin élucidé ?

Il y a un peu plus d'un demi-siècle, le 27 janvier 1968, un sous-marin français et ses 52 marins disparaissaient au large de Toulon. Grâce à la découverte de son épave en 2019, un rapport d'enquête a pu élucider en partie ce mystère.

C'est le voile d'un mystère vieux de 52 ans que vient de lever en partie le contre-amiral Jean-Louis Barbier, expert auprès de la cour d’appel d’Aix-en-Provence et agréé auprès de la Cour de cassation. Son rapport sur la disparition de La Minerve, sous-marin militaire français mystérieusement disparu au petit matin du 27 janvier 1968 au large de Toulon, vient d'être rendu public. Il livre des conclusions basées sur les dernières recherches faites sur l'épave du bâtiment. Les familles des victimes qui attendaient des réponses depuis plus d'un demi-siècle commencent à en savoir plus sur le tragique destin de leurs proches.

L'enquête autour de cette disparition qui avait coûté la vie à 52 sous-mariniers, le 27 janvier 1968, avait subi un coup d'accélération lorsqu'un bâtiment américain le Seabed Constructor avait retrouvé l'épave le 22 juillet 2019 par plus de 2 000 mètres de fond et à 35 kilomètres des côtes après des années de recherches infructueuses. Même le commandant Cousteau, quelques jours après le naufrage, avait alors participé sans succès à l'exploration du fond marin pour tenter de le retrouver. Après cette découverte, la ministre de la Défense Florence Parly a évoqué «une prouesse technique».

De multiples causes avaient été jusque-là évoquées pour expliquer l’accident : la collision avec un bateau, l’explosion accidentelle d’une torpille ou du tube d’aération... Certains évoquèrent même alors une mission secrète, ou le tir d'un autre navire. 

Un tragique concours de circonstances selon le rapport d'enquête

La découverte des restes du sous-marin a permis de relancer l'enquête dont Jean-Louis Barbier vient de délivrer les premières conclusions. Selon l'officier dont le rapport vient d'être rendu public, l'hypothèse la plus probable est celle d'une collision avec un navire de surface au moment du drame.

Une thèse que semble partager les familles des victimes comme l'exprime pour Var-Matin, Hervé Fauve, fils du commandant mort dans l'accident et auteur d'un livre sur le sujet Retrouver la Minerve : «Le rapport a d’abord été communiqué aux familles, puis soumis aux membres de l’Association générale des amicales de sous-mariniers. Il n’a soulevé ni contestation, ni polémique.»

Le rapport d'enquête laisse entendre qu'un terrible concours de circonstances a en effet rendu le drame possible : «Les conditions étaient réunies pour que la détection d’un bâtiment de commerce passe inaperçue ou ne soit perçue qu’au tout dernier moment par La Minerve.» Le document ajoute ensuite que «considérer l’hypothèse de la collision a du sens. En effet, les conditions d’état de mer étaient réunies pour qu’une collision avec un navire de surface soit possible, d’autant que la navigation de La Minerve, la plaçait sur le rail commercial.» Les experts concluent ensuite pour affirmer que cette collision rarissime entre un navire de surface et le sous-marin est donc la cause la plus vraisemblable de la disparition de La Minerve.

Selon le rapport, le navire de surface a très bien pu ne pas se rendre compte de la collision, ce qui expliquerait qu'aucun signalement n'a alors été fait. Un mystère demeure toutefois : un avion militaire présent sur les lieux quelques minutes avant le drame n'a jamais mentionné la présence d'un navire proche. Un doute reste donc tout de même sur cette nouvelle hypothèse et sur le tragique destin de ce sous-marin. 

Benjamin Fayet