France

Mila exclue d'un lycée militaire ? Pour Florence Parly, c'est non

La ministre des Armées s'est livrée à une mise au point alors que la polémique fait rage au sujet de la jeune Mila, contrainte d'abandonner son dernier lycée pour en avoir dévoilé l'emplacement dans un direct sur les réseaux sociaux.

Victime de multiples menaces de mort depuis près d'un an pour avoir critiqué publiquement et dans un langage très cru l'islam, le parcours scolaire de Mila est mouvementé. Rescolarisée il y a quelques mois dans un établissement, Mila aurait, selon son père, été mise à l'écart du lycée militaire. Aussitôt révélée, l'information a soulevé une polémique. La ministre des Armées a toutefois tenu à contredire cette information le 11 décembre sur France info

Une protection efficace, cela suppose le respect de la confidentialité 

Florence Parly a ainsi assuré que Mila n'avait «pas été exclue». «Je voudrais dire que Mila, c'est notre combat», a-t-elle précisé. Or, selon le parent de l'adolescente de 17 ans et son avocat Richard Malka, celle-ci avait été mise à l'écart du lycée militaire pour avoir révélé le nom de l'établissement dans un direct sur les réseaux sociaux. «Une protection efficace, cela suppose le respect de la confidentialité et aujourd'hui, celle-ci n'est plus garantie parce que le lieu de scolarisation de Mila a été divulgué», a déclaré Florence Parly qui reconnaît que «le ministère des Armées a proposé d'aménager la scolarité» de la lycéenne. Un communiqué du ministère informe en effet que Mila suit désormais un «enseignement à distance».

«C'est une jeune fille extrêmement courageuse, qui est victime quotidiennement de menaces, y compris de menaces de mort et ça, c'est totalement inadmissible. C'est pour ça que l'Etat lui apporte sa protection», prolonge la ministre qui a également garanti que le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer «suivait de près cette affaire».

Il faut dire que la lettre du père de Mila, publiée par Le Point le 10 décembre, a suscité de nombreuses réactions à l'encontre de l'Etat. Le père dénonçait notamment la «lâcheté» du proviseur du lycée militaire et évoquait «un prétexte tout trouvé pour évincer Mila, au motif qu'elle mettait en danger tout l'établissement».

D'autre part, les propos de Florence Parly sur France info et le communiqué du ministère des Armées ne semblent pas avoir convaincu. Sur Twitter, la féministe et ex-membre du CSA, François Laborde, estime que le ministère a fourni une «piètre excuse». «Evidemment dans tout le lycée militaire chaque élève savait qui elle était : ce sont de lamentables prétextes ! A quoi sert de envoyer l’armée au Mali si, en Isère, les militaires ne sont pas capables de protéger une jeune fille !», déplore l'ancienne journaliste.

François Laborde et le gaulliste Dominique Jamet constate que «les faits sont là» : «En France, en 2020, une jeune fille qui a blasphémé le Prophète doit suivre un enseignement à distance, à défaut de quoi même l’armée de la République laïque, ne peut garantir sa sécurité».

L'eurodéputé du Rassemblement national Gilbert Collard trouve quant à lui que «la solution imposée de "l'enseignement à distance" est une désertion devant l’islamisme radical».

Moins sévère, la députée Les Républicains Constance Le Grip juge la mise au point de Florence Parly comme «nécessaire». «Il n'en reste pas moins que notre République a le devoir absolu de protéger Mila et d'assurer qu'elle puisse poursuivre sa scolarité», tempère-t-elle sur les réseaux sociaux.