Les Français devront célébrer le passage à la nouvelle année 2021 sous le régime d'un couvre-feu, de 20 heures à 6 heures du matin, mais pourront réveillonner à Noël, à six adultes maximum autour de la table, sans restrictions de déplacement, dans la soirée du 24 au 25 décembre.
Couvre-feu pour le Nouvel an, le réveillon de Noël épargné
«Ce moment est traditionnellement festif mais concentre tous les ingrédients d'un rebond épidémique. Nous devons être raisonnables», a justifié le premier ministre Jean Castex, à propos des fêtes du 31 décembre, lors d'une conférence de presse le 10 décembre.
Les fêtes de Noël seront donc l'exception qui confirme la règle du couvre-feu, instauré à partir du 15 décembre. Une mesure annoncée en présence du ministre de la Santé, Olivier Véran, et du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
Les déplacements seront autorisés en journée, y compris entre régions. Le couvre-feu s'appliquera sur tout le territoire métropolitain, départements et territoires d'outre-mer exclus donc, avec obligation d'avoir sur soi une attestation de déplacement couvre-feu, indispensable pour tout déplacement après 20 heures, pour motifs professionnels et raisons médicales, par exemple.
«Le délire continue», «vive la laïcité»
Le choix du gouvernement de lever le couvre-feu pour la soirée du 24 au 25 décembre, mais pas pour celle du 31 décembre au 1er janvier 2021, a provoqué l'ire d'un grand nombre d'utilisateurs du réseau social Twitter, dont des personnalités politiques. Le député La France insoumise de la Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière, s'agace, au nom de la «laïcité», de la décision du gouvernement. «Couvre-feu pour le Nouvel An mais possibilité de fêter Noël ! Comprend qui peut ! Vive la laïcité !»
«Le 31 décembre, le couvre-feu s’appliquera aussi à ceux qui brûlent les voitures des Français tous les ans ?», s'interroge sur un ton ironique le député européen du Rassemblement national (RN) Nicolas Bay.
Un point de vue partagé, sur Twitter, par le président du cercle de réflexion Institut Apollon et ex-RN Jean Messiha, qui «n'ose imaginer ce que ressentiront les Français quand ils verront les racailles brûler leurs voitures la nuit de la Saint-Sylvestre, pendant qu'ils seront chez eux sous couvre-feu».
«Des décisions qui dépendent d’un chiffre absurde et magique», s'insurge quant à lui Florian Philippot, président du parti politique Les Patriotes, au sujet des «5000 cas positifs par jour», qui doivent être atteints, selon le gouvernement, afin d'autoriser le déconfinement. «Alors qu’on parle de nos libertés, de nos vies, des métiers, de l’emploi de millions de personnes !», dénonce-t-il encore.
Pointant du doigt «le délire» qui «continue» avec la décision du gouvernement de lever le couvre-feu pour la soirée du 24 au 25 décembre, mais pas pour celle du Nouvel An, le journaliste de Libération Jean Quatremer ironise sur Twitter : «Pas touche à la messe de minuit, mais les jeunes coucouche panier».
«On continue d'infantiliser les Français», selon Alexis Poulin
L'éditorialiste Alexis Poulin a réagi à l'antenne de RT France dans la soirée du 10 décembre aux annonces du Premier ministre Jean Castex en condamnant des mesures «loufoques». «On continue d'infantiliser les Français», a-t-il estimé.
Une internaute comprend, à l'inverse, le choix du gouvernement d'instaurer un couvre-feu le 31 décembre et souhaite y voir, sur Twitter, «une bonne idée», qui devrait diminuer, selon elle, le nombre d'accidents de la route le soir de la Saint-Sylvestre. «Moi je trouve que c'est une bonne idée le couvre-feu pour le Nouvel An car t'as beaucoup de gens qui vont quand même prendre la route en ayant bu, donc dans un sens ça va réduire le nombre d'accidents du Nouvel An», avance cette community manager, suivie par plus de 1500 abonnés sur Twitter.
Face aux nombreuses réactions d'incompréhension, le président de la République, Emmanuel Macron, a tenu à justifier le choix du gouvernement, lors d'une conférence de presse, à l'occasion du sommet européen à Bruxelles, dans le courant de la matinée du 11 décembre. Estimant que «Noël est entre nos mains», le chef d'Etat a reconnu qu'«il y a beaucoup de règles qui sont mises en place», ajoutant : «Je sais qu'elles vous pèsent au quotidien. Mais il y a vraiment une volonté de vous protéger.».
«Evidemment on doit se retrouver, mais moins que d'habitude pour Noël, moins nombreux» et en respectant les gestes barrières, en portant le masque «y compris dans des moments familiaux ou amicaux», a souligné le chef de l'Etat. «C'est dans ces moments qu'on diffuse le virus», a-t-il notamment mis en garde.