France

De plus en plus de Français victimes de la solitude, y compris les jeunes selon une étude

Plus de sept millions de Français sont isolés, n'ayant que très épisodiquement des relations sociales, selon une étude de la Fondation de France qui s'inquiète d'un phénomène en nette hausse, touchant désormais aussi les jeunes.

«La solitude en France s'est accentuée au cours des 10 dernières années» : dans son 10e rapport annuel sur les solitudes publié le 4 décembre 2020, la Fondation de France s'alarme de la hausse du phénomène qui concerne désormais 14% de la population, contre 9% en 2010.

Sont considérées comme «isolées» les personnes déclarant n'avoir que très peu de contacts de visu (au mieux, quelques fois par an) avec les membres de leur famille, leurs amis, voisins, collègues de travail ou connaissances issues de réseaux associatifs. Les membres du foyer ne sont ici pas pris en compte : on peut donc être isolé, même si on ne vit pas seul.

Selon cette étude réalisée par le Crédoc sur un échantillon de 3 000 personnes de plus de 15 ans, les personnes âgées et les moins aisés sont les plus isolés, mais le phénomène concerne de plus en plus toutes les catégories de la population, et désormais même les jeunes. Ainsi, 13% des 18-29 ans sont isolés, contre 2% seulement il y a 10 ans.

«Le lien numérique ne remplace pas la rencontre avec les autres»

Cette progression «colossale» de l'isolement des jeunes montre que «le lien numérique ne remplace pas la rencontre avec les autres», a commenté sur RTL la directrice générale de la Fondation de France, Axelle Davezac.

Celle-ci relève également les difficultés d'accès des jeunes adultes au logement, à l'emploi, ainsi qu'à la mobilité dans les zones rurales. «Beaucoup de jeunes n'ont pas cette capacité à bouger, à sortir de chez eux, de leur village, de l'endroit où ils vivent [Ils] se replient parce que le regard des autres est terrible […] A cause des réseaux sociaux, il est d'autant plus important d'avoir des amis, d'être inséré dans des réseaux relationnels», a-t-elle analysé. S'installe alors un «cercle vicieux» qui conduit à un «sentiment de défiance» envers les autres, selon Axelle Davezac.

Toutes générations confondues, l'étude révèle ainsi «l'extension d'un climat généralisé de méfiance et de suspicion». Seules 33% des personnes sondées déclarent que, «de manière générale, il est possible de faire confiance aux autres», soit 13 points de moins qu'en 2012.

Les personnes déjà isolées avant le premier confinement du printemps semblent avoir moins mal vécu cette période que l'ensemble de la population. 24% des sondés déclarent qu'aucune des interactions sociales ne leur a manqué, contre 9% des personnes non isolées. Sans doute ont-elles pu vivre cette crise comme une «période de répit» face aux «injonctions sociales auxquelles elles ne répondent pas», supposent les auteurs de l'étude.