Le en même temps peut-il tourner à l'absurde ? Lors d'un point presse le 26 novembre, Jean Castex a affirmé en usant de plusieurs contradictions que les stations de ski seraient bel et bien ouvertes pendant les fêtes de Noël mais que les remontées mécaniques resteraient, pour leur part, fermées.
Dans un premier temps, le chef du gouvernement a ainsi assuré que «s'agissant des stations de sport d'hiver [...] la circulation épidémique [...] ne permett[ait] pas d'envisager une ouverture pendant la période de noël».
Puis, Jean Castex enchaîne, déclarant que «bien entendu, il sera loisible à chacun de se rendre dans ces stations pour profiter de l'air pur de nos belles montagnes, des commerces – hors bars et restaurants – qui seront ouverts». Comprenne qui voudra. Grosso modo, les stations de sport d'hiver seront fermées mais il sera tout de même possible de s'y rendre.
En sachant qu'une station est souvent un village ou une petite ville de montagne et qu'il semble compliqué pour le gouvernement d'interdire l'accès à ces communes, on voit mal comment l'Etat aurait pu mettre en quarantaine des centaines d'endroits habités. A moins que par station, Jean Castex parle uniquement du lieu des remontées mécaniques, et non de la commune. Dans ce cas, comment comprendre la déclaration suivante du Premier ministre, précisant que «toutes les remontées mécaniques et les équipements collectifs seront fermés au public»...
Peu de temps avant, Jean Castex précisait d'ailleurs que les sports individuels seraient autorisés. Logiquement, le ski, étant un sport individuel, reste autorisé. Sauf que sans les remontées mécaniques, difficile pour le skieur de profiter de cette activité ou même au citoyen lambda de profiter pleinement des «belles» montagnes.
La déclaration de Jean Castex ridiculisée sur les réseaux sociaux
Cette décision était très redoutée par les professionnels du ski et les élus des régions concernées qui avaient estimé dans une tribune le 26 novembre dans Le Parisien qu'il n'y avait «aucune raison crédible à ne pas rouvrir» totalement dès les vacances de Noël, qui représentent entre 20 et 25% de leurs recettes.
Sur les réseaux sociaux, le discours alambiqué de Jean Castex a été fortement raillé par les politiques et commentateurs.
Le sénateur centriste (UDI) de Haute-Savoie Loïc Hervé pointe d'abord une évidence : «Dire que les stations de ski seront ouvertes, c'est comme confirmer que Noël aura bien lieu le 25 décembre.» «Le sujet reste celui des remontées mécaniques, il faut revenir sur cette décision prise à la hâte», demande le parlementaire.
L'eurodéputé du Rassemblement national Jordan Bardella évoque «un absurdistan totalitaire» : «Après le sketch du décret sur la vente de sapins, la réouverture des stations de ski mais sans remontées mécaniques ! Bientôt randonnées possibles mais à cloche-pied ? Réouverture des restaurants mais avec fourchettes interdites ? Absurdistan totalitaire.»
La députée Les Républicains Valérie Boyer y voit «une sinistre farce», constatant que le site parodique Le Gorafi est «très largement dépassé» par le gouvernement d'Emmanuel Macron.
Le rédacteur en chef du service politique du Figaro Albert Zennou se moque : «Je crois que les stations de ski ouvertes pour les fêtes mais sans remontées mécaniques, ça va me faire la journée.»
Bastien Gouly