France

Ecoliers musulmans fichés par Macron : une éditorialiste américaine en flagrant délit de fake news

Une journaliste du Washington Post a estimé que le président souhaitait donner des numéros d'identification aux enfants musulmans, soulevant un tollé dans la majorité et l'exécutif français. Elle s'est par la suite excusée.

Plusieurs élus LREM ont vivement critiqué un message posté sur le réseau social Twitter le 21 novembre 2020 par Karen Attiah, éditorialiste au Washington Post. La journaliste avait estimé dans un tweet, depuis supprimé, que «les Français non blancs tirent la sonnette l’alarme sur Macron depuis des années. Mais [que] les médias mondiaux voulaient le présenter comme un saint centriste, la personne qui a sauvé la France de Marine Le Pen. Maintenant, il veut donner des numéros d’identification aux enfants musulmans pour aller à l’école».

Et nous buvons aussi du sang de bébé au petit déjeuner

Dans un second tweet, l'éditorialiste a tenu à «préciser» : «le projet de loi [sur le séparatisme] souhaite donner à tous les enfants des identifiants. Mais le reste du tweet tient toujours. Dire que les actions de Macron n'alimentent pas l'islamophobie est tout simplement de la folie.»

Un tweet auquel la députée LREM Aurore Bergé a répondu en anglais en dénonçant une fake news de la part de la journaliste américaine : «"Pour préciser" ... Le Washington Post diffuse de fausses nouvelles et de la désinformation contre la France. Nous ne parlons pas d'une approche culturelle différente, de privilège blanc ou de conscience de couleur, nous parlons de faits. Et de vos mensonges».

Aurore Bergé n'est pas la seule représentante de la macronie à s'être indignée des propos de la journaliste du Washington Post. Le secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O, a répondu directement sur Twitter à Karen Attiah dans un message écrit en anglais teinté d'ironie : «Certainement. Et nous buvons aussi du sang de bébé au petit déjeuner. Les démocraties ne peuvent pas lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation si les journalistes "sérieux" ne font pas leur vérification élémentaire des faits».

Des propos également dénoncés par l'ancienne présidente du Medef, Laurence Parisot, qui a invité l'éditorialiste américaine à venir «travailler sérieusement sur le terrain.»

Rokhaya Diallo vole au secours de Karen Attiah

La journaliste a néanmoins enregistré un soutien de poids en la personne de Rokhaya Diallo. La journaliste française a estimé que les opinions qu'elle partage avec Karen Attiah «traversent les frontières» avant d'estimer que «la France ne peut plus vendre le mythe de son modèle de coexistence avec sa philosophie prétendument universaliste et sans conscience de couleur.»

Dans un second tweet, Rokhaya Diallo a estimé que cette polémique relevait du «fait d’assister avec impuissance à l’expression de non-Blanc.he.s décrivant la France selon leurs propres termes dans des sphères auxquelles ils/elles n’ont pas accès» de la part des «élites qui critiquent ardemment les "médias américains"».

«Une fake news grossière, dangereuse et insultante» dénoncée par la députée européenne, Nathalie Loiseau, en réponse à l'intervention de Rokhaya Diallo avant d'ironiser : «Rokhaya Diallo vola à son secours, la dépeint comme "non-Blanche" (ah bon ? et quand bien même ?) et choisit de l’absoudre.»

Le président du groupe La République En Marche à l'Assemblée nationale, Christophe Castaner a pointé «une Grossière, honteuse infox» en réponse au tweet de la journaliste française avant d'estimer que «la dénoncer pour ce qu’elle est – fausse – n’a rien à voir avec la couleur de peau de la personne qui la diffuse.»

Une «erreur» confesse la journaliste américaine

La journaliste américaine a tenu à s'excuser «sans équivoque pour l'erreur commise en disant que le projet de loi de Macron vise les enfants musulmans».

«J'ai une responsabilité envers les faits. Et je ne veux rien rendre plus difficile pour mes collègues qui font un travail incroyable avec une histoire difficile», a-t-elle déclaré. 

L'exécutif a en effet prévu dans le cadre de son projet de loi destiné à lutter contre l'islam radical et les «séparatismes» (terme au demeurant absent du texte selon l'AFP) d'utiliser un identifiant national pour «chaque enfant d'âge scolaire», qui devrait permettre «aux autorités académiques de s'assurer qu'aucun enfant n'est privé de son droit à l'instruction». Il ne s'agit donc pas d'attribuer un numéro d'identification aux seuls enfants musulmans. 

«J'ai remarqué que dans certains quartiers, il y a plus de petits garçons que de petites filles alors que statistiquement on sait que plus de petites filles naissent», avait  expliqué Gérald Darmanin au Figaro. «C'est un scandale de ne pas voir ces petits "fantômes" de la République ni à l’école laïque, ni à celle sous contrat et ni même à l’école hors contrat», a-t-il ajouté, assurant vouloir «sauver ces enfants des griffes des islamistes».