France

Après le confinement, «des dispositions de freinage perdureront», prévient Jean Castex

En audition à l'Assemblée nationale, le Premier ministre Jean Castex a répondu aux députés sur la gestion de la pandémie. Le gouvernement se prépare à la suite : vaccination, accroissement des tests voire obligation d'isolement des cas positifs.

Jean Castex s'est rendu à sa première audition parlementaire sur la gestion du Covid-19, depuis sa nomination en tant que Premier ministre.

S'il espère que la phase actuelle de confinement produise «ses effets en termes sanitaires», il avertit que la phase suivante «ne sera pas le retour à l'ante confinement». «Il y aura des dispositions de freinage, qui sont en cours de calage, qui perdureront», confirme ainsi le Premier ministre qui assure que la situation va s'améliorer mais «pas suffisamment». Il annonce de fait vouloir «éviter le stop and go», c'est-à-dire l'alternance de périodes de confinement et de déconfinement. La confinement actuel sera donc levé progressivement, selon le chef du gouvernement.  «L'idée étant de pouvoir gérer un peu plus dans la durée», ajoute-t-il, espérant que les vaccins puissent se déployer «vite».

«Nous nous mettons en état [...] de vacciner la population française», soutient-il, ajoutant qu'une discussion avec les autorités sanitaires et scientifiques devrait indiquer les personnes à vacciner en priorité et mettre en place la logistique. 

Jean Castex relève par ailleurs que la «phase suivante» sera marquée par un accroissement de «la politique de tests, ce qui sera rendu possible par l'arrivée de la nouvelle génération de tests antigéniques». «Mais cela supposera une lourde organisation logistique puisqu'il s'agit à la fois de tester, mais aussi d'alerter et de protéger les personnes positives et leurs cas contact», pointe-t-il.

Se fiant à ce que font les voisins européens, Jean Castex note que certains ont «instauré une obligation d'isolement [des cas positifs] avec des sanctions». Il prévient donc qu'il n'est «pas rétif à ce que cette question soit sur la table».

Au demeurant, le chef du gouvernement rappelle que l'objectif est «d'abord d'éviter les morts, et ensuite de maintenir l'économie». Il constate en outre que l'économie française lors de ce deuxième confinement «tient le choc, beaucoup plus qu'au premier [confinement]».

Alors que d'aucuns ont proposé un confinement pour les seules personnes fragiles, Jean Castex réfute cette hypothèse : «Vient parfois l'idée qu'on ne pourrait confiner que les personnes les plus âgés et les plus vulnérables [...] Je pense que c'est une très mauvaise idée.»

Un déconfinement manqué ? Jean Castex le concède mais pointe la responsabilité des Français

Il étaye en faisant remarquer que «pas un pays ne s'y est aventuré» et, selon lui, un «consensus scientifique» le jugerait «inefficace». «Peut-être qui si on le faisait seul, nous entrerions en absurdie», ironise-t-il en faisant un parallèle avec un titre de l'hebdomadaire allemand Die Zeit qui se moquait dernièrement des mesures restrictives en France, décrivant «un absurdistan autoritaire». «Ce serait méconnaître cette épidémie qui, pour les personnes les moins vulnérables, provoque aussi des dégâts tout à fait significatifs», dit-il.

Avant d'être Premier ministre, Jean Castex a été le «monsieur déconfinement» du gouvernement. A demi-mot, il fait un léger mea culpa convenant «peut-être effectivement [avoir] déconfiné un peu trop». Néanmoins, Jean Castex tient à faire culpabiliser le comportement des Français : «Peut-être aussi que le peuple français a cru que cette épidémie était derrière [eux], et que [les gestes barrières n'ont] pas été respectés avec suffisamment de zèle.»

Si pour Jean Castex les préfets et les Agences régionales de santé (ARS) ont «globalement travaillé de manière satisfaisante», il reconnait une difficulté avec l'échelon régionalisé des ARS avec «un niveau départemental peu développé». «Alors que la gestion de la crise suppose une proximité plutôt dévolue aux préfets de département, il est clair que cela fera partie des enseignements structurels», admet-il en rappelant que «dans l'urgence, il est impossible de remédier à cette organisation en cours de route».