Jusqu'ici tout va bien
«Les services de réanimation médicale et chirurgicale sont pleins. Nous avons environ 55% des lits qui sont occupés par des patients Covid». Tels sont les premiers mots de Bruno Mégarbane, invité de RT France, lorsqu'on l'interroge sur la situation à l'hôpital Lariboisière (Paris Xe) où il exerce.
Le praticien précise que l'hôpital a dû «déprogrammer 30% des interventions chirurgicales en début de semaine, ce qui a donné un certain volant de lits pour pouvoir admettre davantage de patients.»
Nos lits sont saturés car il n'y a aucun lit vide
«Ils sont occupés soit par des patients qui ont la Covid, soit par d'autres patients qui sont tous dans des situations graves», avance le responsable de service de réanimation.
Risque de débordement
Pour le médecin, «si le nombre de patients venait à augmenter, que cela soit lié à la Covid-19 ou, peut-être, au refroidissement des températures avec des pathologies, nous devrions ouvrir de nouveaux lits en dehors des secteurs habituels de la réanimation».
L'invité confirme être attentif mais confiant, et reste malgré tout sensible à un début d'effet, selon lui, des décisions de confinement sur les contaminations.
Concernant les annonces du ministère de la Santé à propos d'une multiplication par deux du nombre de lits de réanimation en France, le chef de service reste sceptique : «Je crois que c'est impossible !»
Qui dit ouvrir un nouveau lit, dit y affecter le personnel paramédical et médical nécessaire
La seule solution, comme le concède le médecin, est de «déprogrammer d'autres activités, notamment les opérations chirurgicales, car le personnel a les compétences nécessaires pour travailler en réanimation». Le problème étant que «si on ouvre davantage de lits, on va devoir réduire l'offre de soins d'un autre côté», argue-t-il.
De la difficulté d'être un équilibriste
«Toute la difficulté, c'est de trouver le bon équilibre, c'est-à-dire effectivement à tout instant avoir une certaine anticipation», ce que doit permettre «le "plan Blanc", la coopération avec les autres hôpitaux, y compris les cliniques privées», déclare Bruno Mégarbane, invité chez RT France.
Les cliniques privées ont été «un soutien indispensable au cours du premier pic épidémique», rappelle le spécialiste. «En Ile-de-France, si nous n'avions pas eu l'aide du secteur privé [...] nous aurions dû sélectionner les patients par le capacitaire. Grâce à eux, cela n'a pas été [nécessaire]», ajoute-t-il.
Le praticien conclut en espérant que «ces besoins de lits pour les patients Covid vont rapidement atteindre un plateau et commencer à diminuer».