France

«Sortez d’ici !» : Véran s'emporte contre des députés de l'opposition à l'Assemblée nationale

Le ministre de la Santé, venu défendre les positions de l'exécutif sur la gestion de l'épidémie, a fulminé contre des députés de l'opposition, leur reprochant d'avoir réduit la durée de l'état d'urgence sanitaire contre l'avis du gouvernement.

A l’Assemblée nationale le ton est monté entre le ministre de la Santé Olivier Véran et des députés de l’opposition dans la soirée du 3 novembre 2020. Venu défendre les positions de la majorité dans l’hémicycle sur la gestion de la crise sanitaire lors de l'examen de la prolongation de l'état d'urgence sanitaire, il a été la cible d'invectives venant de députés. Alors qu’il racontait la situation des médecins de l’hôpital de Corbeil-Essonnes (Essonne) «qui ont absolument tout donné au printemps dernier», certains députés – visiblement assis sur les bancs de gauche – ne semblaient pas écouter le ministre aussi attentivement qu'il l'aurait voulu. «Si ça vous intéresse monsieur le député, figurez vous que…» Sans le laisser terminer sa phrase, plusieurs députés ont crié des mots indistincts.

Après quelques secondes d'interruption, ainsi qu'un rappel de la présidente de séance, Olivier Véran poursuit : «pendant près de 10 minutes, les soignants nous ont expliqué qu'il fallait de la spécialisation pour être capable de retourner un malade du ventre sur le dos quand il est intubé, qu'il a des pousses-seringues parce qu’il fait un syndrome de détresse respiratoire aiguë.» Il ajoute : «Mesdames et messieurs les députés je suis entré dans deux chambres dans ce service de réanimation de Corbeil-Essonne. Dans la première chambre, il y avait un jeune homme de 28 ans en coma intubé, ventilé, avec pas loin de 10 pousses-seringues pour pouvoir à la fois l’alimenter et lui fournir les médicaments essentiels pour le maintenir en vie. Dans la deuxième chambre, il y avait un homme en surpoids âgé de 35 ans.»

Les députés recommencent à élever la voix. C'est à ce moment qu'Olivier Véran perd ses moyens, vociférant et pointant du doigt des élus assis cette fois-ci à droite de la présidente. «C’est ça la réalité, mesdames et messieurs les députés. Si vous ne voulez pas l’entendre sortez d’ici ! Elle est là la réalité de nos hôpitaux. Vous êtes en train de débattre de sujets alors que nos soignants sont en train de sauver des vies !»

Le désaccord entre les députés de l’opposition et le gouvernement s'explique par le vote de plusieurs amendements surprenants dans l'hémicycle. Alors que l'Assemblée nationale avait adopté en première lecture le projet de loi autorisant la prorogation de l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 16 février 2021 comme le souhaitait l'exécutif, un amendement de la députée de Saône-et-Loire Josiane Corneloup (LR) a réduit cette prolongation au 14 décembre 2020. Par ailleurs, un autre amendement – adopté lui aussi contre l'avis du gouvernement et du rapporteur Jean-Pierre Pont (LREM) – a été proposé par le député Paul Molac (Libertés et Territoires). Il prévoit qu’aucune prolongation du confinement au-delà du 30 novembre ne puisse se faire sans accord du Parlement. Ils ont tous deux été adoptés en raison d'un nombre insuffisant de députés de la majorité sur les bancs de l'Assemblée nationale.