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Pour Pascal Bruckner, les propos de Rokhaya Diallo ont «entraîné la mort des douze de Charlie Hebdo»

Débattant face à Rokhaya Diallo dans une émission de télévision, Pascal Bruckner a affirmé que les propos passés de la militante au sujet de Charlie Hebdo avaient «entraîné, avec d’autres, la mort des douze» du journal satirique en 2015.

Lors de l'émission 28 minutes, diffusée sur Arte le 21 octobre, le romancier et essayiste Pascal Bruckner a accusé la militante Rokhaya Diallo d'avoir «entraîné la mort des douze de Charlie Hebdo» en cosignant, en 2011, un texte intitulé «Pour la défense de la liberté d’expression, contre le soutien à Charlie Hebdo». Le siège du journal avait à l’époque fait l’objet d’un attentat au cocktail Molotov, qui n’avait fait aucun blessé.

Ce texte affirmait que «la disproportion entre les unes alarmistes sur l’incendie de Charlie Hebdo et les brèves de dix lignes sur les saccages de lieux de culte musulmans entretient une vision du monde raciste» et que Charlie Hebdo, «en acceptant la visite intéressée de Claude Guéant [...] participe, comme il l’a déjà fait dans le passé en publiant des articles ou des dessins antimusulmans, à la confusion générale, à la sarkozisation et à la lepénisation des esprits.»

Au cours d'un débat tendu, Pascal Bruckner a commencé par dire à Rokhaya Diallo que son «statut de femme musulmane et noire [la] rend privilégiée», car il lui «permet de dire un certain nombre de choses», avant de préciser sa pensée : «Je pense notamment à ce que vous avez dit sur Charlie Hebdo et qui a entraîné, avec d’autres, la mort des douze de Charlie Hebdo».

Offusquée, la militante racialiste lui a répondu que ses propos étaient «scandaleux» et «totalement irrespectueux».

Pascal Bruckner a alors persévéré en affirmant que Rokhaya Diallo avait,  «avec d’autres, poussé à la haine contre Charlie Hebdo» et «armé le bras des tueurs». Il l'a également invitée à «assumer la responsabilité de [ses] actes».

Sur son compte Twitter, Rokhaya Diallo a par la suite expliqué «avoir rarement été la cible d'une telle violence sur un plateau».

Invité le 22 octobre du Grand entretien sur France Inter, Pascal Bruckner est revenu sur cet échange : «J’ai simplement rappelé à Rokhaya Diallo ses engagements au sein de l’islam politique et combien elle critiquait Charlie Hebdo en les traitant d’islamophobes et de racistes. Et je ne suis pas le seul à le dire : toute l’équipe de Charlie, à commencer par son avocat Richard Malka, ne cesse de le répéter», a-t-il déclaré.

Le journaliste et essayiste Ivan Rioufol a considéré sur Twitter qu'il était «légitime de demander des comptes aux incendiaires comme Rokhaya Diallo».

Mohammed Sifaoui, écrivain, journaliste et directeur du magazine Contre-terrorisme, estime que «la diabolisation sous la fallacieuse accusation "d’islamophobie" peut armer des tueurs».

L'ancien sénateur et conseiller du VIIe arrondissement de Paris Yves Pozzo di Borgo parle quant à lui de l'«inconscience coupable» de Rokhaya Diallo, qui «n'assume pas ses écrits».

La députée de La France insoumise Clémentine Autain a de son côté estimé que les propos de Pascal Bruckner étaient «parfaitement scandaleux», dans un moment où le débat public «devient fou».

Pascal Boniface, directeur et fondateur de l'IRIS, a déclaré que Pascal Bruckner nie «le privilège de l'homme blanc [...] qui est invité partout pour distiller son venin sans contradiction».

L'ancien directeur de l'association menacée de dissolution par le gouvernement Collectif contre l'islamophobie en France, Marwan Muhammad, considère pour sa part que les propos de Pascal Bruckner sont de la «haine à l'état pur», tout en apportant son «soutien total» à Rokhaya Diallo.