France

Agression au couteau de deux femmes à Paris : information judiciaire pour «violences volontaires»

Deux femmes ont été attaquées près de la tour Eiffel le 18 octobre. Une information judiciaire a été ouverte pour «violences volontaires» accompagnées de propos liés à l'identité religieuse ou ethnique, vraie ou supposée, des victimes.

Le parquet de Paris a ouvert ce 21 octobre une information judiciaire pour «violences volontaires» accompagnées de circonstances aggravantes, après l'attaque à l'arme blanche  le 18 octobre de deux femmes près de la Tour Eiffel à Paris, a appris l'AFP auprès du parquet de Paris.

Deux suspectes, placées en garde à vue le 20 octobre au commissariat du VIIe arrondissement, vont être présentées à un juge d'instruction chargé d'enquêter sur cette altercation partie de la présence jugée menaçante d'un chien par deux femmes, qui ont ensuite été blessées à l'arme blanche.

L'affaire avait été très relayée via une vidéo sur les réseaux sociaux, certains internautes dénonçant un «silence médiatique» sur cette agression qu'ils qualifiaient d'«islamophobe», quelques jours après l'assassinat le 16 octobre de Samuel Paty, l'enseignant décapité près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).

Le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour «tentative d'homicide volontaire», mais les faits ont été requalifiés en «violences volontaires» à l'issue des gardes à vue.

Selon le ministère public, ces violences sont aggravées notamment par le fait qu'elles ont été commises en réunion, avec l'utilisation d'une arme, et qu'elles ont été accompagnées de propos liés «à l'appartenance ou non-appartenance, vrai ou supposée» des victimes «à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée».

Le parquet a requis la détention provisoire des deux suspectes.

Des faits «liés au défoulement politique et laïciste contre les musulmans», selon l'avocat des victimes

Selon Arié Alimi, l'avocat des deux victimes, «celles-ci sont satisfaites de l'ouverture d'une information judiciaire et du caractère raciste retenu mais considèrent qu’il s’agit d’une tentative d’homicide». «Il est indéniable que ces faits sont liés au défoulement politique et laïciste contre les musulmans depuis l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine», d'après lui.  

L'avocat a donc annoncé à l'AFP un dépôt de plainte avec constitution de partie civile le 21 octobre pour demander de requalifier l'enquête en «tentative de meurtre à raison de l'appartenance de la victime à une race ou à une religion déterminée», une qualification criminelle.

D'après cette plainte, les deux victimes sont âgées de 19 et 40 ans. La première a reçu trois coups par une arme blanche, la seconde six coups, dont un lui perforant le poumon. Cette seconde victime se trouve toujours à l'hôpital.

Selon cette plainte, les deux femmes disent avoir été qualifiées de «sales Arabes» par les deux femmes mises en cause, qui leur auraient également dit : «Rentrez chez vous», «Vous n'êtes pas chez vous ici». «L'une des femmes faisait également référence au voile que portaient plusieurs femmes de la famille, en parlant de "ce truc que tu as sur la tête"», selon cette plainte.