France

Attaque terroriste islamiste à Notre-Dame en 2017 : l'accusé condamné à 28 ans de réclusion

Farid Ikken, le ressortissant algérien qui avait attaqué des policiers au marteau sur le parvis de Notre-Dame de Paris en 2017 et prêté allégeance à Daesh, a été condamné à 28 ans de réclusion criminelle par une cour d'assises spéciale.

La cour d'assises spéciale de Paris a condamné le 14 octobre à 28 ans de réclusion criminelle Farid Ikken pour avoir attaqué des policiers au marteau et blessé l'un d'eux devant la cathédrale Notre-Dame en juin 2017, après avoir prêté allégeance au groupe terroriste Daesh.

L'ancien étudiant algérien de 43 ans, dont la peine est assortie d'une période de sûreté des deux tiers, a également été condamné à une interdiction définitive du territoire français.

L'assaillant dit n'avoir aucun regret et «le sentiment du devoir accompli» pour ses «frères musulmans».

La cour d'assises spéciale de Paris a suivi les réquisitions de l'avocate générale, qui avait appelé à punir sévèrement un homme devenu selon elle un «extrémiste total», un «fanatique de l'Etat islamique» enfermé dans un seul horizon : «le djihad [armé]».

Farid Ikken a été reconnu coupable de «tentative d'homicides volontaires avec préméditation sur des personnes dépositaires de l'autorité publique» et «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste».

Ouvert le 12 octobre, le procès s'annonçait singulier au regard de la personnalité de l'accusé : un étudiant doctorant et multidiplômé qui avait basculé dans la violence djihadiste le 6 juin 2017, stupéfiant tous ses proches qui le décrivaient comme un homme doux, avenant, ouvert et démocrate.

L'accusé, interrogé par la cour, n'a exprimé ni excuses, ni regrets, ajoutant avoir toujours la «satisfaction du devoir accompli» trois ans après l'attaque, sous le regard médusé des deux policiers attaqués présents à l'audience. Il a également réaffirmé son adhésion à Daesh et à son ancien chef Abou Bakr al-Baghdadi, un «homme intègre» et «un modèle». Et refusé de condamner les attentats de Mohammed Merah, Amédy Coulibaly et des frères Kouachi, estimant que ces «moudjahidines martyrs» avaient agi, comme lui, «en représailles» aux attaques occidentales «contre les musulmans» en Irak et en Syrie.

Ces propos ont visiblement interpellé la cour et pesé dans le verdict, d'autant que le policier blessé et ses deux collègues présents à ses côtés ce jour-là ont décrit devant la cour leurs séquelles (dépression, hypervigilance) durables depuis l'attaque.

«C'est rare, y compris dans des procès terroristes, d'avoir quelqu'un à ce point satisfait de son action», a souligné l'avocate générale.

Attaque contre trois policiers

Le 6 juin 2017 à 16h19, Farid Ikken avait bondi sur un groupe de trois policiers, frappant l'un d'eux avec un marteau en criant : «C'est pour la Syrie !» Le policier, légèrement blessé à la tête, et un de ses collègues avaient ouvert le feu et l'avaient blessé au thorax, avant de l'arrêter.

Dans ses affaires et à son domicile, les enquêteurs ont retrouvé du matériel de propagande djihadiste en nombre et une vidéo enregistrée juste avant l'attaque, dans laquelle il prêtait allégeance à Daesh.

Farid Ikken nie toute volonté de tuer, affirmant avoir voulu blesser dans un «acte de résistance politique» destiné à «attirer l'attention de l'opinion publique française» sur les «milliers de musulmans tués à l'époque en Irak et Syrie par l'armée française» dans ses bombardements visant Daesh au sein de la coalition occidentale.

Sur la vidéo de l'attaque, filmée par une caméra de télésurveillance, on le voit prendre son élan et bondir pour porter un violent coup de marteau à deux mains sur la tête d'un des policiers.

Pour ces derniers comme pour l'avocate générale, la tentative d'homicide ne faisait aucun doute. Si le policier visé n'a été que légèrement blessé, «c'est uniquement parce que sa collègue a crié et qu'il a replié la tête par réflexe» alors que le coup se dirigeait vers le milieu du crâne, a estimé le magistrat. 

Au cours du procès, Farid Ikken avait expliqué qu'au moment de passer à l'attaque, il était enfermé dans «un huis-clos psychologique», «bouleversé» par ces vidéos.