La préfecture de police a indiqué sur Twitter, le 4 octobre au matin, qu’une «opération de contrôle» avait été menée dans une école attachée à la mosquée Omar dans le XIe arrondissement de Paris «sous l'égide de la cellule de lutte contre l'islamisme et le repli communautaire». Elle fait état d’une «procédure classique ayant établi plusieurs insuffisances liées à la sécurité incendie», sans «autres manquements relevés».
Les députés de La France insoumise (LFI) n’ont pas tardé à condamner fermement l’intervention sur Twitter. Le président du groupe LFI à l’Assemblée et député des Bouches-du-Rhône Jean-Luc Mélenchon a écrit : «Armés jusqu'aux dents, des policiers surgissent au catéchisme de la mosquée. Ils notent des manques de sécurité incendie ! Honteuse incitation à la haine de l'Etat. La guerre de religion est absurde. C'est ça la "puissance" de la République selon Macron ?»
Danièle Obono, députée de Paris, a dénoncé les termes employés par la Préfecture de police : «"Procédure classique". Parce que terroriser des mômes, enfin certains mômes, c'est devenu classique dans la police nationale en Macronie.»
Une opération «inutile et humiliante», d'après Eric Coquerel
De son côté, Eric Coquerel, élu de la 1ère circonscription de Seine-Saint-Denis, a qualifié l’opération d’«inutile et humiliante», s’étant déroulée «pendant que le gouvernement fait du pseudo "séparatisme islamiste" sa cible prioritaire, nouvelle fusillade à Saint-Ouen due au trafic de drogue. A quand la priorité contre ce vrai fléau qui pourrit la vie des quartiers ?»
Enfin, le député de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière s'est interrogé : «Il faut donc maintenant une descente de 15 policiers armés pour constater de simple manquement aux normes de "sécurité incendie" ? Le même type de dispositif est prévu pour tous les autres cultes à Paris ou c'est seulement les musulmans ?»
«Nous œuvrons tous, pour former les citoyens de confession musulmane de demain»
Le président de l'association Foi et Pratique, Hamadi Hammami, a adressé un message au Conseil français du culte musulman (CFCM). «Ce matin, une quinzaine de policiers, tous corps confondus, ont fait irruption dans la mosquée Omar pendant les cours d'arabe. Les enfants et les enseignants ont été choqués par cette intrusion, qui n'a aucun sens», a-t-il écrit dans un message WhatsApp.
Selon lui, l’ONG est «présente depuis plus de 40 ans, et ne représente en rien un danger contre la République et ses valeurs. «Nous œuvrons tous, pour former les citoyens de confession musulmane de demain».
Il a appelé le président du CFCM, ainsi que «tous ceux qui pourront demain subir ces désagréments», à le soutenir et à «témoigner pour ne pas accepter ces agissements qui pourraient avoir des effets dévastateurs sur les parents et les enfants qui n'ont d'autres tort que de vouloir apprendre leur culture et leur religion».
L'association, établie en France depuis les années 1970, fait partie du courant piétiste de la Jamaat Tabligh. Foi et Pratique a été dans le viseur des autorités française au début des années 2010 en raison de propos tenus par son fondateur, Mohammed Hammami, père d'Hamadi Hammami, comme le rappelle La Croix dans un article de 2012. En décembre 2017, le pure-player Atlantico publiait les bonnes feuilles de l'ouvrage L’islamisme et les femmes de l'historienne Lina Murr Nehmé avec ce titre : «Foi et Pratique, fer de lance de "l'islamisation par le bas" en Seine-Saint-Denis.»