Comme l'a rapporté l'AFP le 30 septembre, chaque passage aux urgences n'étant pas suivi d'hospitalisation entraînera dès l'an prochain une «participation», dont le «montant forfaitaire» devra être «défini par arrêté», comme le prévoit le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2021.
Selon le gouvernement, ce «forfait patient urgences» serait facturé «en lieu et place du ticket modérateur proportionnel actuellement exigible», ce qui «permettra pour le patient de limiter les situations de reste à charge très élevé».
Les frais d'hospitalisation sont en règle générale pris en charge à hauteur de 80% par l'Assurance maladie, le solde étant souvent couvert par les complémentaires santé. Des exceptions sont toutefois prévues pour les femmes enceintes, les malades chroniques ou encore les invalides, dispensés de ce «ticket modérateur».
Mais ces exonérations disparaîtront avec le futur «forfait patient urgences», dont ces catégories de patients «se verront appliquer un montant minoré», a fait savoir le gouvernement.
Un pas de plus vers la marchandisation de la santé
La nouvelle n'a pas tardé à provoquer une vague d'indignation au sein de la gauche française ainsi que dans le milieu syndical. «Quelle honte ! cette mesure ne va qu'augmenter le non-recours aux soins et les retards de prise en charge déjà très élevés chez les familles pauvres», a par exemple estimé la députée insoumise de Meurthe-et-Moselle, Caroline Fiat.
«On aurait pu rétablir l'ISF mais on préfère racketter les malades», a abondé en ce sens sa camarade Julie Garnier, oratrice de la France insoumise.
«Un pas de plus vers la marchandisation de la santé. Cela va renforcer les inégalités d'accès aux soins. Insupportable», a pour sa part commenté le syndicaliste CGT Thomas Portes.
«En pleine pandémie, Macron veut faire payer les malades qui se présentent aux urgences et qui ne seront pas hospitalisés. Les plus pauvres renonceront à se soigner», a encore jugé la section CGT de TUI France.
Comme le relève l'AFP, cette mesure «complète la réforme du modèle de financement des structures des urgences» votée l'an dernier et censée entrer en vigueur au 1er janvier 2021. Une échéance maintenue, alors que le PLFSS prévoit de repousser à 2022 plusieurs autres réformes tarifaires (psychiatrie, soins de suite et de réadaptation, hôpitaux de proximité...) car «la crise sanitaire a fortement perturbé le calendrier de travail».