France

Enquête ouverte à l'encontre d'Eric Zemmour pour ses propos sur les mineurs isolés

Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour «provocation à la haine raciale» et «injures publiques à caractère raciste» au lendemain des propos d'Eric Zemmour qui a qualifié les migrants mineurs de «voleurs», «assassins» et «violeurs».

Une nouvelle enquête contre l’écrivain et journaliste Eric Zemmour, une semaine après une condamnation à Paris pour les mêmes motifs de «provocation à la haine raciale» et «injures publiques à caractère raciste», a été confiée ce 1er octobre à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne.

Dans un débat animé par la journaliste Christine Kelly et dédié à la question des mineurs isolés peu après l'attaque terroriste ayant eu lieu devant les ex-locaux de Charlie Hebdo le 25 septembre, Eric Zemmour avait déclaré dans la soirée du 30 septembre : «Ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent.»

Les associations SOS Racisme, la Licra et la Maison des Potes ont annoncé leur intention de porter plainte. La Maison des Potes dénonce dans un communiqué des propos qui «ciblent une communauté de migrants», qui doit «être protégée» comme «toute autre communauté». 

Sur Twitter, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a commenté par les termes «nauséabond et insupportable», on relève également un tweet de la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté Marlène Schiappa, qualifiant les propos d'Eric Zemmour de «mensonge», «stupide et incohérent».

La ministre déléguée chargée de la Diversité et de l'égalité des chances Elisabeth Moreno a quant à elle dénoncé «encore une sortie abjecte et raciste d'Eric Zemmour sur le plateau de Cnews». Le ministre a ajouté avoir «échangé ce [jeudi] matin avec le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel» et avoir demandé de saisir le procureur au Délégué interministériel à la lutte contre le racisme l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), Frédéric Potier.

Celui-ci s'est dit auprès de l'AFP «stupéfait par les déclarations de M. Zemmour qui réitère des propos racistes et qui tendent à la généralisation». «Les responsabilités sont aussi partagées par la chaîne, ce n'est pas la première fois que Zemmour dérape, on ne le lâchera pas», a-t-il ajouté.

CNews mise en cause 

Interrogé par l'AFP, le CSA a indiqué que CNews ayant déjà été mise en demeure pour des faits similaires, les saisines relatives à la séquence du 30 septembre ont été transmises à un rapporteur indépendant.

«Il appartient au rapporteur indépendant de décider d'engager des poursuites et, le cas échéant, d'instruire la procédure de sanction et de soumettre ses propositions au CSA. Le Conseil, après audition, se prononcera alors sur une éventuelle sanction», précise le régulateur. Le CSA transmet également les éléments en sa possession au procureur de la République, «au titre de l'article 40 de la procédure pénale».

En octobre 2019, le polémiste a été embauché par CNews comme chroniqueur quotidien dans une émission intitulée «Face à l’info». L'émission étant diffusée en différé, la responsabilité de la chaîne est engagée, a relevé un acteur du dossier.

Selon le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, l’«objectif [d’Eric Zemmour], celui de ses soutiens et de son employeur est d'extrêmiser le débat et de faire passer pour des opinions acceptables des opinions naguère innommables». Il demande au CSA d'étudier «la responsabilité de CNews, chaîne qui, pour des raisons mercantiles et potentiellement idéologiques, a choisi de mettre à disposition d'un ultra raciste un espace quasi quotidien de déversement de haine».

Le 25 septembre, le parquet de Paris avait obtenu la condamnation d'Eric Zemmour à 10 000 euros d'amende pour injure et provocation à la haine, cette fois pour une diatribe sur l'islam et l'immigration lors d'un rassemblement politique en 2019 et diffusée en direct sur LCI.