France

Ryssen emprisonné pour antisémitisme : Marine Le Pen et Aliot désavouent la réaction de Gollnisch

Le militant Hervé Ryssen, qui se revendique antisémite, a été mis sous les verrous pour ses propos. Bruno Gollnisch, membre du Bureau du RN, a dénoncé un «délit d’opinion». Une position qui n'a pas plu à Louis Aliot et Marine Le Pen.

Hervé Lalin, dit Ryssen, a été incarcéré le 18 septembre à la prison de Fleury-Mérogis en exécution de trois condamnations à des peines de prison ferme pour des propos antisémites et négationnistes. Le militant, qui se définit lui-même comme racialiste, avait été convoqué le 17 septembre par la police judiciaire puis présenté à un magistrat qui a ordonné l'exécution de ces peines prononcées entre 2017 et 2020, pour un total restant de 17 mois d'emprisonnement, selon le parquet à l'AFP.

Il avait dernièrement été condamné en janvier pour négationnisme, injures et diffamation à caractère antisémite et provocation à la haine contre les Juifs. Le tribunal lui a cette fois infligé huit mois de prison et 5 000 euros d'amende pour des passages d'un livre publié en 2018, L'antisémitisme sans complexe ni tabou, plaidoyer pour la liberté d'expression.

Ancien avocat et membre du bureau du Rassemblement national, Bruno Gollnisch s'est indigné d'un emprisonnement «pour délit d’opinion». Il s'est en outre adressé au ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti : «Il y a donc des prisonniers d’opinion en France aujourd’hui. Monsieur Eric Dupond-Moretti ignore-t-il le vibrant plaidoyer de Monsieur Macron en faveur du "droit au blasphème" ? Ou bien ce droit ne fonctionne-t-il que dans un sens ?»

Les propos de cet ancien compagnon de route de Jean-Marie Le Pen, ont fait réagir Louis Aliot, lui aussi membre du bureau du RN. Dans un message publié sur Twitter et retweeté par la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, le 21 septembre, le maire de Perpignan a souligné : «Les propos de Gollnisch n’engagent que lui-même et ne nous engagent en aucun cas.» Louis Aliot a encore estimé : «La liberté d’expression n’autorise pas toutes les provocations ou toutes les abjections. Je croyais que c’était clair et que ça allait de soi. Manifestement non.»

La décision judiciaire n'a pas non plus été du goût de Jean-Marie Le Pen, ancien président du Front national. Celui qui a été mis à l'écart par la direction du parti en 2015, a ainsi estimé que «les juges rouges du Syndicat de la Magistrature s'en donn[aient] à cœur joie», évoquant les condamnations d'Alain Soral et Dieudonné (également condamnés à plusieurs reprises, notamment pour incitation à la haine), «pour délit d'opinion».

«Les adversaires politiques sont persécutés par les voies judiciaires et fiscales, c'est une dérive vers la dictature», a-t-il encore ajouté sur Twitter le 22 septembre.