France

L' écrivain controversé Gabriel Matzneff ne reçoit plus d'aide publique

La ministre de la Culture Roselyne Bachelot a annoncé que l'écrivain Gabriel Matzneff, visé par une enquête pour viols sur mineurs de moins de quinze ans, ne bénéficiait plus de l'aide publique qu'il a longtemps touchée.

«Je peux vous assurer que Gabriel Matzneff ne touche plus son allocation» : la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a confié à Livres Hebdo, ce 24 septembre, que Gabriel Matzneff – visé par une enquête pour viols sur mineurs de moins de quinze ans – ne percevait plus l'allocation pour écrivains à faibles revenus, versée à partir de 2002 par le Centre national du livre (CNL).

Selon Le Monde, le montant de cette aide était de 12 000 euros annuels, qui ont été divisés par deux depuis 2013. L' écrivain aurait, touché depuis 2002 (année où il a commencé à recevoir cette allocation), plus de 160 000 euros. Roselyne Bachelot n'a pas précisé quand avaient cessé les versements. D'après le JDD, l'octogénaire, récompensé par le prix Renaudot essai en 2013 et retraité depuis 2002, est également bénéficiaire du minimum vieillesse, soit environ 10 000 euros annuels.

Ces sommes, ainsi qu'un logement social, lui ont assuré sa subsistance car ses nombreux ouvrages (tomes de journal intime, romans et essais) se vendaient globalement mal.

Un livre à l'origine du scandale

Le scandale avait éclaté à l'occasion de la parution début janvier d'un récit de l'éditrice Vanessa Springora, Le Consentement (éd.Grasset), dans lequel elle évoque sa relation avec Gabriel Matzneff alors qu'elle avait 14 ans et qu'il en approchait 50. Quatre jours après cette parution, le ministre de la Culture d’alors, Franck Riester, avait recommandé de mettre fin à cette aide d'un établissement public. «Cette allocation n'est pas justifiée et n'aurait pas dû perdurer», avait-il écrit.

Mais l'avancée du dossier n'était pas connu depuis. Interrogée par le mensuel littéraire, Roselyne Bachelot a estimé que le débat restait d'actualité.

«Le Consentement est un livre extrêmement important, qui a introduit une réflexion fine sur ce qui constitue une agression sexuelle et une situation d'emprise. Je remercie Vanessa Springora» a-t-elle affirmé, en ajoutant : «Chaque fois qu'il y a des enjeux de pouvoir, des enjeux financiers, il y a des phénomènes d'atteinte sexuelle. Cela doit amener le secteur du livre à réfléchir aux mesures de prévention à mener dans les entreprises, mais aussi à des mesures beaucoup plus proactives, comme un souci de parité dans les jurys des grands prix d'automne et dans les organes de direction des maisons d’édition.»

Aucune information sur l'avancée de l'enquête

Gabriel Matzneff, 84 ans, n'a plus donné signe de vie depuis un entretien accordé en février au New York Times depuis l'hôtel de la côte de Ligurie (nord-ouest de l'Italie) où il logeait au moment où la polémique faisait rage. Le parquet n'a pas communiqué non plus sur l'avancée de l'enquête, qui a donné lieu à plusieurs perquisitions. Aucune mise en examen n'a été rendue publique dans ce dossier, où les enquêteurs cherchent d'autres victimes que Vanessa Springora.

L'affaire a éclaboussé l'ancien adjoint à la Culture de la maire de Paris, Christophe Girard, mis en cause notamment en qualité d'ancien secrétaire général de la Maison Yves-Saint Laurent entre 1986 et 1987, structure qui a apporté un soutien financier à l'écrivain.

Gabriel Matzneff doit être jugé en septembre 2021 dans une autre procédure, pour apologie de crime, devant le tribunal correctionnel de Paris, où il a été cité à comparaître par l'association de prévention de la pédophilie l'Ange Bleu.